Séjour vinique en Touraine - Visite au domaine Amirault à Bourgueil

Après mes récentes sorties dans le sud et le sud-ouest, c’est dans le vignoble ligérien que je vais poursuivre mon errance vineuse en passant deux jours en Touraine pour découvrir quelques belles adresses vigneronnes de cette région.
Notre périple organisé de main de maître par l’ami Hervé, nous emmènera successivement à Chacé pour une visite au Clos Rougeard, à Parnay pour une visite au Château Yvonne, à Bourgueil pour une visite au domaine Amirault, à Montlouis-sur-Loire pour une visite au domaine de la Taille aux Loups et à Ligré pour une visite au domaine de La Noblaie.
Hoppla, c’est parti !

Visite au domaine Amirault à Bourgueil

Pour terminer cette première journée en beauté, notre groupe à rendez-vous chez Yannick Amirault, un autre grand maître du cabernet franc qui produit depuis de longues années des cuvées de Bourgueil et de Saint-Nicolas-de-Bourgueil qui font référence dans le monde des amateurs de rands vins rouges ligériens.

Yannick Amirault a produit ses premiers vins en 1977 et exploite aujourd’hui une surface plantée d’une vingtaine d’hectares de vignes situées pour 2/3 sur l’aire d’appellation Bourgueil et pour 1/3 sur l’appellation Saint-Nicolas-de-Bourgueil.

Après nous avoir accueillis dans le caveau, Yannick Amirault nous invite à visiter sa cave taillée dans la roche, une seconde cave troglodyte dans la même journée…ça ne se refuse pas !

  
La « grotte » calcaire toujours aussi impressionnante et l’entrée de la cave Amirault

 
Bienvenue dans le « saint des saints » du domaine Amirault où s’affinent les vins des derniers millésimes.


Avec sa température constante la cave troglodyte est également très utile pour le stockage des vins en bouteilles.


Lumière « caravagesque » pour parler vinification et élevage…

 
…avec un vigneron passionné et passionnant.

Petit résumé de nos échanges avec Yannick Amirault :

- les vignes du domaine Amirault sont cultivées en BIO et taillées en Guyot-Poussard, les parcelles sont labourées ou enherbées selon le type de sol.

Une parcelle de cabernets près du caveau du domaine : enherbement et labour du cavaillon.

- les vendanges sont manuelles
- les raisins triés et égrappés fermentent dans des cuvées tronconiques durant une vingtaine de jours
- les jus séjournent ensuite durant un mois en cuve inox avec d’être entonnés pour la phase d’élevage
- les cuvées d’entrée de gamme sont élevées dans des foudres tronconiques, les grandes cuvées sont élevées dans des fûts et dans des jarres en grès.
Une cuvée est élevée à 100% dans des jarres en grès.

  
Foudres tronconiques et jarres en grès du domaine Amirault


De retour dans le caveau du domaine, Yannick Amirault nous présente son fils Benoît, salarié du domaine depuis 2003 et associé depuis 2008.

 
La gamme du domaine Amirault compte une petite dizaine de cuvées mais les cuvées d’entrée de gamme sont épuisées en cette fin d’l’hiver.

L’offre vineuse actuelle sur tableau noir


Allez, on goûte !

Saint-Nicolas-de-Bourgueil La Mine 2022 : nez assez charmeur avec une palette fruitée bien mûre, bouche sphérique et bien gourmande, tanins très fins et finale fraîche et sapide.
(terroir : coteau argileux)
Bourgueil Le Grand Clos 2022 : nez discret et raffiné avec une palette complexe sur les fruits noirs et les épices accompagnés par un boisé délicat, bouche ample et charnue tenue par une trame tannique très soyeuse, équilibre très gourmand, finale longue et intense.
(terroir : argiles et silex sur calcaire)
Saint-Nicolas-de-Bourgueil Les Malgagnes 2022 : nez très élégant qui développe de belles notes florales et boisées, bouche dense et profonde soutenue par une acidité large et une maille tannique assez serrée, finale droite et digeste avec une long sillage sur la violette et les épices.
(terroir : calcaire)

On entre dans le monde des grands cabernets de Yannick Amirault avec 3 vins qui se sont très bien goûtés ce jour : entre une cuvée « La Mine » légère et fruitée et une cuvée « Les Malgagnes » puissante et structurée, la cuvée « Le Grand Clos » a séduit notre groupe par son aromatique très classe et sa présence en bouche parfaitement équilibrée. MIAM !

Saint-Nicolas-de-Bourgueil Les Malgagnes 2022 (élevée en amphore) : nez très pur qui développe une palette fruitée bien gourmande, bouche dense et déliée structurée par des tanins très fins, finale longue avec un beau retour fruité/épicé.
(terroir : calcaire)
Avec son jus fruité plein d’énergie, cette cuvée élevée dans des œufs en grès, s’exprime avec finasse et franchise en montrant qu’un cabernet bien mûr n’a pas forcément besoin de bois pour lisser sa texture…une bonne surprise !

Bourgueil Le Grand Clos 2021 : nez plus austère dominé par des notes de poivre vert sur un fond végétal, bouche dense et structurée avec un équilibre assez vif et des tanins plus saillants, finale longue et droite avec un long retour épicé.
(terroir : argile et silex sur calcaire
Bourgueil Les Quartiers 2021 : nez complexe mais pas trop engageant sur le poivre et l’encre, bouche épurée avec une présence fruitée sur l’orange amère assez flatteuse, finale plus resserrée avec une persistance boisée/épicée.
(terroir : calcaire)

Les deux cuvées de Bourgueil 2021, sont bien construites mais révèlent des profils aromatiques un peu moins avenants et des structures plus rugueuses même si on y perçoit des niveaux de maturité plutôt satisfaisants au vu du millésime.
Ceci dit, pour moi ça « cabernette » trop…je passe mon tour !

Bourgueil Pavillon du Grand Clos 2005 : nez ouvert et expressif qui délivre de belles notes fruitées/épicées/boisées, bouche juteuse et bien tonique, finale fraîche et un peu astringente.
(terroir : argile et silex sur calcaire)

Pour terminer cette série de rouges, Yannick Amirault nous invite à déguster cette cuvée rare, élaborée que dans les grands millésimes (2003, 2005, 2010, 2017, 2017 et 2020) prélevée dans la réserve du domaine. C’est une cuvée qui porte ses (presque) deux décennies avec beaucoup de classe et d’énergie. Impressionnant !

Bourgueil Rosé d’Equinoxe 2022 : nez fruité très avenant, bouche fraîche et gourmande avec un centre bien suave, finale puissante marquée par une petite sensation de chaleur.
(terroir : sables et calcaire)

Elaborée à partir de cabernets bien mûrs en pressurage direct, cette cuvée de rosé étonnante de richesse est une petite friandise qui se goûte parfaitement bien dès aujourd’hui…une bouteille qui nous rappelle que ce cépage est en mesure d’engendrer de très beaux rosés.

IGP Val de Loire Bâtard-Princesse 2019 : nez expressif, très marqué par l’élevage avec des notes de vanille et de noix de coco qui écrasent un peu les arômes fruités, bouche ronde et généreuse avec un beaux développement aromatique sur les fruits exotiques, finale riche avec une longue persistance boisée/vanillée.
(terroir : argile et silex sur calcaire)

Elaborée à partir de chenins plantés en 2017 sur le coteau du « Grand Clos », la seule cuvée de blanc du domaine développe un jus d’une très grande richesse mais avec une aromatique encore très marquée par son élevage.
C’est un vin avec un vrai potentiel mais qui devra probablement encore bénéficier de quelques années en cave pour intégrer son boisé.
 

 
Cette première journée sur les bords de la Loire se termine de très belle manière par une rencontre avec un vigneron emblématique de Bourgueil, qui n’a pas compté son temps pour partager sa passion avec nous, la découverte d’une autre cave troglodyte très impressionnante et la dégustation d’une série de cabernets francs de belle facture…bref, il y avait tout ce que je recherche quand je pars en bordée dans un vignoble !

J’ai goûté des vins biens mûrs – du moins autant que le millésime le permet – vinifiés avec beaucoup de doigté, des vins qui expriment la singularité de chaque terroir tout en gardant un côté friand et accessible, des vins qui confirment que Yannick Amirault est l’un des grands maîtres du cabernet franc ligérien.

Merci à Yannick Amirault pour son accueil

La rencontre avec Yannick Amirault se poursuit avec un dîner convivial à la table d’hôte de la « Dixmeresse ».