Tournée dans le vignoble du Pays Basque - Visite au Domaine Espila à Ascarat
J’ai à peine eu le temps de faire mes bagages après ma sortie dans le Sud avec l’ami François, que me voilà déjà reparti en compagnie des jeunes cavistes de « La Vinoterie » pour faire une série de visites dans le vignoble de Jurançon et dans le vignoble d’Irouléguy.
Deux journées intenses où nous irons vadrouiller entre Béarn et Pays Basque pour rencontrer Maxime Salharang au Clos Larrouyat à Gan, Jean-Baptiste Semmartin au domaine Lajibe à Lucq-de-Béarn, Anne-Marie Barrère au domaine Barrère à Lahourcade, Bixente Indart au domaine Goienetxea à Saint-Etienne-de-Baïgorry, Paul Carricaburu au domaine Espila à Ascarat, Michel Riousperous au domaine Arretxea et Peio Espil au domaine Ilarria, tous deux basés à Irouléguy
Hoppla, c’est parti !
Visite au domaine Espila à Ascarat
Notre lieu de rendez-vous avec Paul Carricaburu
Pour cette deuxième visite dans le Pays Basque nous avons rendez-vous avec Paul Carricaburu, un vigneron qui a repris la ferme familiale en 2004 pour créer son domaine viticole et produire ses premiers vins en 2018…une rencontre qui s’annonce tout à fait passionnante !
Pour commencer notre visite, Paul Carricaburu nous emmène dans l’une de ses parcelles de vignes pour partager avec nous son histoire personnelle et nous présenter ses terroirs et sa conception du métier.
Paul Carricaburu dans sa parcelle de 60 ares où il a planté 1300 pieds de petit manseng et 1300 pieds de petit courbu
Après une carrière d’ingénieur agronome dans l’agro-industrie, Paul décide de revenir au pays en 2004 pour reprendre la ferme familiale en polyculture. Entre 2008 et 2013, il plante des vignes sur 4 parcelles et produit des raisins qu’il vend à des domaines locaux.
En 2016, il entreprend sa conversion en viticulture biologique – « même si, à l’époque, mes amis vignerons m’ont affirmé que ce n’était pas possible en Pays Basque » – et en 2018, il vinifie son premier millésime en bénéficiant des conseils avisés de Michel Riouspeyrous (domaine Arretxea).
Actuellement, il dispose de 1,4 hectare de vignes situées sur 3 terroirs différents : calcaire, grès et ophite.
Une belle pierre calcaire ramassée dans la vigne
Vue du village sur les parcelles gréseuses du domaine Espila : le clos en bas à gauche et la parcelle dans la forêt en haut à droite.
Pour l’heure, Paul ne cultive que 3 cépages, le petit manseng, le petit courbu et le gros manseng, mais il projette de créer une nouvelle plantation avec des cépages résistants, du gamay et du manseng noir mais également 500 pieds de gros manseng « pour faire un peu de jus ».
Avec une surface de vigne limitée et des rendements faibles, Paul ne produit que peu de vin « 35 hectolitres les bonnes années » et bien moins les mauvaises comme en 2023 où le vignoble a été durement frappé par la grêle et le mildiou : « un millésime catastrophique où je n’ai pu sauver que 7 hectolitres soit environ mille bouteilles ».
De retour au domaine, nous visitons la ferme familiale où Paul a installé sa cave.
Il a néanmoins tenu à conserver l’aspect polyculture de cette exploitation en complétant son activité viticole par un élevage de chevaux basques (des Pottock).
« Un viticulteur est un paysan et un paysan travaille dans une ferme avec des animaux »…d’ailleurs il utilise le crottin de ses chevaux mélangé à du broyat de sarments pour amender les sols de ses vignes.
Un pottock venu nous saluer…et quémander quelques croutons de pain sec.
Dans la cave, Paul dispose d’un petit pressoir acheté en Bourgogne en 2020, « pour être plus autonome », ainsi que de quelques cuves en inox et en fibre de verre et de 2 fûts de chêne pour effectuer ses vinifications et ses élevages.
On parle élevage et vinification dans la cave de Paul Carricaburu
Pour l’heure, Paul produit une seule cuvée d’Irouléguy blanc qu’il élève dans des pièces bourguignonnes (une ou deux selon le millésime) et dans de petites cuves inox (pour s’adapter au volume du jus).
Les 7 hectolitres de vin du millésime 2023 s’affinent dans un fût et dans deux petites cuves inox.
Il n’y a plus de bouteilles de 2022 disponibles au domaine mais Paul nous propose de goûter le 2023 sur fût…tout en nous prévenant que le vin a été collé à la bentonite la veille.
Dégustation du 2023 prélevé sur fût…
…et comme on arrive à l’heure du déjeuner, on se refait le palais avec quelques tranches d’ossau iraty.
Irouléguy Blanc 2023 : aromatique discrète mais d’une grande pureté, bouche juteuse, ample avec un joli gras, équilibre très digeste assuré par une acidité assez aiguisée et une très belle trame saline/minérale, finale longue et salivante.
Dégustée en cours d’élevage – et après une opération de collage – cette cuvée nous a étonnés par sa précision et son énergie.
C’est un vin à l’image de son concepteur : droit, authentique et accessible.
Paul nous explique le graphisme de son étiquette qui représente la voûte de la porte d’entrée de la maison familiale...
…ainsi que le poème en langue basque de la contre étiquette « Espila, blanc ou rouge, agréable à table, il danse dans votre palais au chant des citoyens du monde »
Même si nous n’avons pu goûter qu’un vin en cours d’élevage et qu’il n’y avait plus une seule bouteille à vendre (ou à déboucher) au domaine, cette visite chez Paul Carricaburu a été tout à fait mémorable puisqu’elle nous a permis de faire la connaissance d’une personnalité rare : un vigneron authentique, passionné et profondément humain avec un vrai sens du partage et un amour sincère pour son Pays Basque natal.
J’ai pu récupérer quelques flacons du millésime 2022 chez un caviste local et je vous promets de partager mes commentaires de s dégustation lorsque je déboucherai la première bouteille du domaine Espila.
Merci à Paul Carricaburu pour son accueil.
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