Tournée dans le vignoble du Pays Basque - Visite au Domaine Arretxea à Irouléguy

J’ai à peine eu le temps de faire mes bagages après ma sortie dans le Sud avec l’ami François, que me voilà déjà reparti en compagnie des jeunes cavistes de « La Vinoterie » pour faire une série de visites dans le vignoble de Jurançon et dans le vignoble d’Irouléguy.

Deux journées intenses où nous irons vadrouiller entre Béarn et Pays Basque pour rencontrer Maxime Salharang au Clos Larrouyat à Gan, Jean-Baptiste Semmartin au domaine Lajibe à Lucq-de-Béarn, Anne-Marie Barrère au domaine Barrère à Lahourcade, Bixente Indart au domaine Goienetxea à Saint-Etienne-de-Baïgorry, Paul Carricaburu au domaine Espila à Ascarat, Michel Riousperous au domaine Arretxea et Peio Espil au domaine Ilarria, tous deux basés à Irouléguy
Hoppla, c’est parti !


Visite au domaine Arretxea à Irouléguy

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L’entrée du domaine Arretxea

La suite de notre journée très intense dans le vignoble du Pays Basque se déroulera dans le village qui a donné son nom à l’appellation et chez des vignerons qui œuvrent depuis de longues années pour une reconnaissance qui est en train de se concrétiser actuellement…rendez-vous à Irouléguy au domaine Arretxea pour une rencontre avec la famille Riouspeyrous.


C’est Michel Riouspeyrous qui nous accueille et nous propose une petite promenade dans ses vignes pour nous raconter l’histoire de son domaine et parler terroir et viticulture.

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Vignes en terrasses et pâturages à Irouléguy

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C’est parti pour une promenade avec Michel Riouspeyrous

Le domaine Arretxea a été crée de toutes pièces par Thérèse et Michel Riouspeyrous : une éducatrice spécialisée et un professeur qui ont eu envie de changer de vie pour « retourner à la terre ». Ils se sont installés dans la ferme familiale initialement dédiée à l’élevage pour créer un domaine viticole et produire des vins d’Irouléguy.
« Nous sommes vraiment partis de rien et nous avons planté nos premières vignes en 1989 »
Les vignes ont été travaillées en viticulture biologique dès le début et en 1998 le domaine a été certifié en biodynamie.
Les premières cuvées signées par Thérèse et Michel Riouspeyrous sont sorties en 1993 (un millésime qui me parle bien…).

Nous arrivons sur un coteau gréseux où se trouvent une parcelle surgreffée en petit et gros manseng et une parcelle initialement plantée en cabernet franc qui va également être replantée avec une sélection massale de cépages blancs.

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La parcelle surgreffée en blanc…

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…et la parcelle qui va être replantée…pas de doute nous sommes bien sur un terroir gréseux.

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Les pieds de cabernet franc qui viennent d’être arrachés et l’un des blocs de grès aux dimensions impressionnantes, sorti de cette parcelle

Pour Michel Riouspeyrous le terroir c’est un sol « la mère du vin » et un climat « le père du vin ».
Le vignoble d’Irouléguy se caractérise en premier lieu par son microclimat : « c’est une vallée orientée vers le sud et protégée du froid et des entrée océaniques par la montagne pyrénéenne (…) à Irouléguy le climat est plus chaud et moins humide que dans les autres secteurs du Pays Basque ».
Au niveau géologique, Michel Riouspeyrous nous fait part d’une étude qui a abouti à une cartographie des sols du vignoble d’Irouléguy sur près de 1000 hectares : « les chercheurs y ont identifié plus de 40 types de sols différents avec des schistes, des grès, des argiles, des calcaires, des ophites… »…on se croirait presque en Alsace !

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Une belle leçon de géologie in-situ par Michel Riouspeyrous

Cette étude a été poussée encore plus loin avec la création de fiches pratiques qui détaillent les éléments chimiques et microbiologiques de chaque sol « pour conseiller le type de travail du sol qui va permettre de créer l’effet terroir ».
Michel poursuit également une réflexion sur « les congruences entre le matériel végétal et le terroir »…et pour ceci il a dédié une parcelle à la conservation des différents clones.

Avant de retourner au caveau de dégustation nous faisons une rapide visite de la cave du domaine, installée dans une ancienne ferme.
Les vendanges sont exclusivement manuelles et se font lorsque les raisins ont atteint leur pleine maturité. Les raisins sont triés à la vigne et au chai.
Les raisins rouges sont égrappés avant d’être entonnés, les raisins blancs sont pressés dans un pressoir pneumatique et les fermentations se font sous l’effet de levures indigènes.
Pour les élevages le domaine Arretxea utilise des contenants divers : cuves, fûts, foudres et dolias.
Le suivi des différents vins se fait avec un minimum d’interventions et d’intrants.

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Les fûts de chêne…

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…les foudres et les dolias du domaine Arretxea.

Le domaine exploite actuellement 11 hectares de vignes – qui vont être complétés par 1 hectare planté en blancs – et depuis 2019 ce sont Iban et Théo Riouspeyrous, les fils de Thérèse et Michel, qui gèrent la production du domaine Arretxea.
L‘offre vinique du domaine compte aujourd’hui 8 références : trois blancs, un rosé et quatre rouges.
Allez, on goûte !

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C’est parti pour la dégustation.

Irouléguy Hegoxuri 2021 : nez expressif et complexe avec des notes d’agrumes et de fruits exotiques frais sur un fond floral délicat, bouche longiligne et très saline, finale vive avec une belle longueur citronnée.
(55% gros manseng + 25% petit manseng + 20% petit courbu – terroir : grès et schiste – élevage : 10 mois en fûts de 600 litres et en foudre de 1200 litres)

Irouléguy Grès 2021 : nez un peu plus discret mais d’une belle complexité sur les fruits exotiques et la minéralité, bouche ample et puissante avec un jus dense soutenu par une profonde salinité, finale longue et sapide.
(70% gros manseng + 30% petit manseng – terroir : grès – élevage : 10 mois en foudre de 1200 litres + 12 mois en bouteille)

Irouléguy Schistes 2021 : nez très raffiné avec des notes exotiques et citronnées sur un fond minéral sensible, bouche large et bien gourmande avec une salinité marquée, finale légèrement épicée et stimulée par un léger grip tannique.
(20% gros manseng + 80% petit manseng – terroir : schiste – élevage : 10 mois en foudre de 1200 litres + 12 mois en bouteille)

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La dégustation commence de la plus belle manière qui soit avec 3 cuvées de blancs profondément imprégnées par leurs terroirs, bien juteuses et parfaitement équilibrées…des bouteilles avec un profil gastronomique très polyvalent – ils s’accorderont sans difficulté avec des plats à base de poissons nobles ou de viandes blanches mais également avec des fromages locaux – mais qu’on pourra également boire sans rien, juste pour le plaisir. MIAM !
 

Irouléguy Tradition 2021 : ouvert et charmeur au nez avec une belle palette fruitée et épicée, bouche souple et gourmande avec des tanins onctueux, finale bien sapide.
(70% tannat + 20% cabernet franc + 10% cabernet sauvignon – terroir : grès – élevage : 10 mois en cuve béton)

Irouléguy Dolia 2022 : nez sur les fruits rouges frais et les épices « piquantes » (poivre, piment), bouche solidement construite avec une chair consistante soutenue par des tanins mûrs et serrés, finale longue et tonique.
(70% tannat + 20% cabernet franc + 10% cabernet sauvignon – terroir : grès – élevage : 8 mois en dolia de 400 litres)

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Réalisées avec un assemblage de cépages que je n’aime pas trop d’habitude, ces deux vins pleins de suavité et de gourmandise m’ont vraiment surpris et séduit même si je pense que la cuvée Dolia 22 aura encore besoin d’un peu de temps pour tempérer sa fougue…qu’à cela ne tienne, en attendant on va pouvoir se régaler avec la cuvée Tradition 21, déjà très bien en place aujourd’hui.


Irouléguy Cuvée Haitza 2020 : nez complexe avec des notes de fruits noirs et de poivre sur un fond finement boisé, bouche généreuse et bien sapide avec un équilibre digeste et un long sillage floral, épicé et balsamique en finale.
(85% tannat + 18% cabernet franc – terroir : grès – élevage : 18 mois en barriques)

Irouléguy Haitza 2021 : nez ouvert et charmeur avec une belle palette fruitée et épicée, bouche juteuse et concentrée soutenue par une acidité vive et large, finale étirée et salivante.
(85% tannat + 18% cabernet franc – terroir : grès – élevage : 18 mois en barriques)

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Après avoir bénéficié d’un long élevage sous bois, cette cuvée « Haïtza » est taillée pour la garde et même si ce 2020 et ce 2021 se sont goûtés avec beaucoup de plaisir aujourd’hui, je pense qu’il faudra encore patienter quelques années pour que ces deux grands vins développent pleinement leur potentiel. Patience…


Irouléguy Burdin Harria 2021 : nez discret et très complexe avec des notes de mûre, de réglisse, de graphite et d’épices, bouche très puissante avec un jus dense et serré, finale tonique avec un long retour minéral et épicé.
(60% tannat + 20% cabernet franc + 20% cabernet sauvignon – terroir : ophite – élevage : 18 mois en fûts de 225, 400 et 600 litres)

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Avec cette cuvée, nous retrouvons le fameux terroir d’ophite que nous avions découvert le matin chez Bixente Indart, un terroir volcanique fait de roches à forte densité : « Burdin Harria se traduit par pierre de fer ».
C’est un vin racé et profond, qui aura également besoin de quelques années en cave pour calmer sa fougue et développer son expressivité.

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a série du jour


J’ai pris beaucoup de plaisir à faire cette visite au domaine Arretxea, en premier lieu, parce qu’elle m’a évoqué le souvenir d’une précédente escapade familiale dans la région en 2008 en compagnie de l’ami Jean (qui nous a quittés en 2021) –j’avais d’ailleurs publié sur le forum "degustateurs.com" un petit texte sur notre premier passage au domaine Arretxea : 19 visite au domaine arretxea irouleguy 2008CLIC – mais surtout parce qu’elle nous permis de rencontrer un vigneron engagé et passionné.
Michel Riouspeyrous a pris son temps pour partager avec nous ses connaissances sur les terroirs du vignoble basque, sur les recherches actuelles à propos du travail du sol dans les vignes, sur les procédés de vinification…et bien d’autres choses encore que je n’ai pas eu le temps de noter.

J’ai adoré les vins blancs du domaine, des vins purs, précis et parfaitement digestes…avec comme seul défaut, leur rareté !
Les vins rouges ont probablement été tous dégustés trop jeunes, loin de leur phase de maturité optimale, tout en laissant deviner de très belles potentialités.
J’ai particulièrement apprécié les cuvées « Tradition » 21 et « Haitza » 20 qui ont révélé des profils d’une gourmandise aussi étonnante que réjouissante.

Mille mercis à Michel Riouspeyrous pour ces beaux moments de culture vinique.

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L’œuvre originale dont on retrouve une reproduction sur les étiquettes du domaine Arretxea

Pour info. : si vous n'habitez pas trop loin de Strasbourg vous pourrez trouver certaines cuvées du domaine Arretxea à "La Vinoterie" de  La Wantzenau

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