Visite au domaine Bechtold à Kirchheim - Edition 2017

Quand l’ami Stéphane a eu l’idée d’organiser une dégustation consacrée aux grands pinots gris 2010, je mes suis engagé à lui fournir un Altenberg de Bergbieten 2010 du domaine Roland Schmitt.
Hélas, lorsque je suis descendu dans ma cave pour chercher cette bouteille, je me suis rendu compte que le flacon convoité avait disparu de ma réserve alsacienne…sûrement une erreur de saisie sur mon logiciel de gestion de cave.
Pas de temps à perdre, il faut aller voir sur place en espérant trouver un vigneron de la Couronne d’Or capable de me dépanner !
Je ne sais pas si ma quête sera fructueuse mais en tous cas j’ai là un prétexte tout trouvé pour faire une petite visite chez
Anne-Marie Schmitt à Bergbieten et chez Jean-Marie Bechtold à Kirchheim.
Hoppla c’est parti !

Dsc 1898

Non content de produire une gamme de vins de très haute tenue Jean-Marie Bechtold s’est pris d’une passion pour les vieilles maisons à colombages.
C’est ainsi que depuis quelques années il utilise une partie du temps libre que lui laisse son métier de vigneron pour démonter les colombages des maisons à démolir et créer de nouvelles constructions de style alsacien autour de sa maison de Kirchheim.

Dsc 0469
La première maison reconstruite par Jean-Marie…c’est aujourd’hui un coquet gîte rural.

Dsc 0471
Second projet : un corps de ferme transformé en habitation principale et en caveau…

Dsc 474
…avec une drôle d’hôtesse d’accueil à l’entrée !

Comme j’ai déjà parlé du caveau dans un article précédent, c’est la nouvelle cave du domaine qui va focaliser mon intérêt aujourd’hui : terminée in extremis avant les vendanges 2016, cette installation professionnelle a permis à Jean-Marie Bechtold de regrouper son outil de production autour de son lieu de vie.
Le bâti hors sol est réalisé à partir de colombages récupérés sur une grande maison vouée à la démolition et située dans un village voisin…et encore un petit bout de patrimoine architectural alsacien sauvé de la destruction !

Dsc 473
Dernière réalisation du vigneron-bâtisseur, la nouvelle cave du domaine

En octobre, j’ai pu voir fonctionner l’espace de réception de vendange et les pressoirs dans cette nouvelle cave mais aujourd’hui je vais visiter le cuvage pour vérifier si les vins du millésime 2016 s’y plaisent…

Dsc 475
Les cuves d’élevage et les pressoirs sont au rez-de-chaussée

Dsc 477
Au niveau inférieur on trouve le stock bouteilles…

Dsc 0477
…des foudres…

Dsc 480
…et des barriques.


Pour terminer le tour du propriétaire, Jean-Marie me propose de découvrir comment se portent les vins du dernier millésime :

Pinot Gris 2016 : couleur rosée surprenante mais belle brillance, fruité délicat, matière longiligne, légère présence tannique qui stimule les bords de la langue, finale rehaussée par des amers salivants.

Dsc 479

Ce pinot gris a été pressé après une macération de 3 semaines en grappes entières puis vinifié et élevé sans SO2. Voilà un premier essai de vin nature tout à fait convaincant !

Pinot Noir S 2016 : nez charmeur et complexe, palette racée sur la cerise noire, le noyau, fines notes boisées en fond, matière longiligne mais belle concentration, toucher de bouche caressant, finale minérale, grande sapidité.
Pinot Noir Obere Hund 2016 : nez discret, un peu austère, belle présence en bouche, chair consistante, tannins souples, finale fraîche.

Dsc 482

Né sur les pentes calcaires du coteau du Steinklotz le pinot noir S se goûte déjà avec beaucoup de plaisir tout en laissant deviner un très beau potentiel.
La cuvée de l’Obere Hund se montre un peu plus réfractaire aujourd’hui – la malo n’est pas encore faite – mais je connais trop bien le potentiel de ce terroir pour ne pas envisager l’avenir de ce vin avec confiance.

Pinot Gris 2016 : nez encore un peu levurien mais joli fond aromatique, belle présence en bouche, finale sapide.
Réalisé à partir de plusieurs parcelles de jeunes vignes, ce pinot gris encore en gestation mais plein de belles promesses, nous rassure définitivement sur la qualité de ce millésime au domaine Bechtold.


Nous remontons d’un niveau pour goûter quelques autres vins encore en cours d’élevage :

Riesling Silberberg 2015 : notes d’agrumes bien définies, chair gourmande en bouche, finale fraîche sur le pamplemousse.
Pinot 2015 : très gourmand, expression aromatique sur la cire d’abeille et la résine, équilibre sec avec un gras un peu « bourguignon », finale sapide.
Riesling Sussenberg 2015 : nez sur le pamplemousse et les zestes d’agrumes, matière dense, silhouette élégante, équilibre sec, finale tendue et salivante.
Les trois cuvées de 2015 encore en cuve sont bien expressives avec des matières pleines d’énergie et des équilibres frais et digestes. Bien marqués par des arômes d’agrumes, les deux rieslings sont très avenants avec un Silberberg finement ciselé et un Sussenberg un peu plus consistant.
La cuvée pinot est un assemblage de pinots blancs et de pinots gris qui nous éloigne un peu des standards alsacien mais qui se goûte remarquablement bien. MIAM !

Riesling Sussenberg 2016 : jus concentré et bien gourmand, salinité intense.
Riesling Grand Cru Engelberg 2016 : matière ample, structure bien large, jus fruité très concentré, salinité tactile en finale.
Gewurztraminer Silberberg 2016 : généreux, opulent, belle énergie en finale.
Gewurztraminer Grand Cru Engelberg 2016 : notes lactées (malo en cours), bouche ample, structure sphérique, très belle trame minérale.
Gewurztraminer Obere Hund 2016 : équilibre sec, structure bien droite, finale longue et épicée.
Pinot Noir 2016 : léger et gourmand, aromatique bien définie (petits fruits rouges, grenadine) finale glissante.
La dégustation de vin en cours d’élevage est toujours un exercice difficile pour moi mais ces jus de 2016 me semblent vraiment prometteurs avec un fruité pur et des présences salines bien marquées.

Après cette longue visite, je n’ai plus le temps de goûter des vins en bouteilles mais dès mon arrivée at home je me suis rattrapé en débouchant un superbe Riesling Grand Cru Engelberg 2014 : aromatique complexe, notes d’agrumes frais (citron vert, mandarine), sur un fond d’herbes aromatiques et de poudre de craie, matière ample et puissante, acidité mûre et très large, finale intensément saline.

Dsc 488

Malgré sa jeunesse, c’est un riesling qui laisse une vraie impression de plénitude avec un jus bien concentré et une trame minérale d’une profondeur exceptionnelle.
Pour moi, c’est l’un des plus beaux Engelberg qu’il m’ait été donné de goûter au domaine Bechtold. MIAM !


Jean-Marie Bechtold est un vigneron atypique aux multiples talents avec qui j’ai toujours beaucoup de plaisir à passer du temps pour partager nos idées sur le vin et sur la vie en général.
Après avoir participé à
une journée de vendanges en automne 2016, je n’avais aucune inquiétude sur la qualité du millésime au domaine Bechtold : les rendements étaient parfaitement maîtrisés – condition essentielle pour réussir de beaux vins cette année – et les raisins qui ont été mis au pressoir avaient vraiment fière allure.

La dégustation de vins encore en cours d’élevage a confirmé les perspectives positives entrevues lors des vendanges : les jus sont denses et les trames acides/salines remarquablement bien définies.
L’étonnant pinot gris « nature » est un parfait révélateur de la qualité de cette matière première…même si cette première expérience ne va pas mettre en cause la conception du vin de Jean-Marie Bechtold : « c’était pour apprendre et comprendre ».
J’ai également découvert la cuvée de pinot noir née sur le Grand Cru Steinklotz – un vin qui va surement faire parler de lui dans les prochaines années – ainsi que le bel assemblage de pinots – en version non oxydative cette fois ! » qui promet de beaux moments de gourmandise dans les mois à venir.

Mille mercis à Jean-Marie pour son accueil et sa disponibilité.

Dsc 0470

Commentaires

  • Lynn
    • 1. Lynn Le 03/10/2019
    Oui, un vin exceptionnell! J'ai goûté ce vin l'an dernier et j'achèterais une encore bouteille (ou deux ;-)

Ajouter un commentaire