Tournée printanière dans le vignoble alsacien : visite au domaine Paul Ginglinger à Eguisheim

Malgré un agenda vinique déjà bien chargé avec un nombre considérable de comptes-rendus à publier, je n’ai pas hésité à accepter l’invitation de mon ami François qui m’a proposé de l’accompagner dans une petite tournée dans le vignoble alsacien en compagnie d’un couple de cavistes californiens.

Avec mon niveau pitoyable en anglais, je ne vais pas forcément pouvoir vanter autant que je voudrais la beauté de mon vignoble préféré et la grande qualité des vins qui y sont produits…mais bon quand il s’agit de défendre l’Alsace je suis toujours prêt à me surpasser !!!
Le programme du jour est assez « copieux » puisqu’il va nous emmener dans 3 domaines réputés : François Schmitt à Orschwihr, Paul Kubler à Soulzmatt et Paul Ginglinger à Eguisheim.
Hoppla « Let’s go » !

Domaine Paul Ginglinger à Eguisheim

La dernière étape de cette longue journée est prévue à Eguisheim chez un vigneron que je connais depuis quelques années et dont j’apprécie particulièrement le travail à la vigne comme en cave.
Rien de tel qu’une valeur sûre pour bien terminer une tournée dans le vignoble alsacien…direction Exa pour retrouver Michel Ginglinger et ses vins !

Dernière étape du jour dans le caveau du domaine Ginglinger

Comme je suis passé très récemment chez ce vigneron et que je suis le chauffeur attitré du groupe, je vais être raisonnable et ne goûter que les vins que je n’ai pas eu le temps de déguster lors de ma dernière visite.

Pinot noir 2016 : nez charmeur, notes de fruits rouges frais, matière concentrée, très juteuse, ligne acide bien marquée et amers salivants en finale.

Réalisé à partir d’un assemblage de raisins provenant de parcelles « situées sur Grand Cru Eichberg et juste autour » ce pinot noir a été vinifié et élevé en barriques (12 mois d’élevage).
Même s’il révèle un air de famille incontestable avec la grande cuvée « Les Rocailles », ce très beau pinot noir affirme également un caractère spontané et sociable qui nous rappelle que c’est avant tout un vin de gourmandise. MIAM !

Crémant d’Alsace Brut Prestige : nez pur et discret, notes de fruits blancs frais, structure svelte très élégante, équilibre droit et mousse stimulante, sillage citronné et présence minérale sensible en finale.

Réalisée exclusivement à partir de chardonnays du millésime 2014 cette cuvée qui a été dégorgée en mars de cette année se présente à nous dans d’excellentes dispositions : fruité précis, équilibre frais, finale appétante…voilà encore une très belle bulle alsacienne qui pourra rivaliser avec bien des blancs de blancs champenois. MIAM !

Sylvaner 2015 : nez très fin, belle complexité, notes de fruits blancs, de résine et de menthe verte, bouche concentrée, acidité souple mais belle salinité en finale, sillage délicatement boisé.

Cette parcelle de vieilles vignes sur le lieu-dit Bodenacker a généré un sylvaner vraiment atypique avec une puissance (13°4 et 0g de SR) et une expression minérale qu’on ne rencontre pas souvent sur les vins issus de ce cépage.
Ces impressions ont d’ailleurs été confirmées par une nouvelle dégustation de cette cuvée quelques jours plus tard chez moi : CLIC.

Riesling Grand Cru Eichberg 2016 : nez intense et très complexe, notes de pêche blanche et d’herbes aromatiques sur un fond de zeste d’agrumes, bouche ample et puissante, acidité mûre et bien large, finale très saline avec un sillage bien frais sur le pamplemousse.

Comme souvent ce riesling Eichberg dégusté dans sa première jeunesse révèle un caractère exubérant avec une aromatique expressive et un jus très opulent.
C’est un vin qui régalera l’amateur de gourmandise dès aujourd’hui mais qui aura besoin de quelques années en cave pour définir sa vraie nature en révélant la profondeur minérale de ce grand terroir d’Eguisheim.

Pinot Gris Les Prélats 2015 : nez charmeur, belle palette florale, matière large et assez généreuse, finale plus étirée avec un sillage minéral sensible.

Une parcelle de jeunes vignes sur l’Eichberg et quelques parcelles situées autour du Grand Cru sont à l’origine de ce pinot gris qui s’exprime avec un certain classicisme mais séduit par son élégance et sa buvabilité. MIAM !

Pinot Gris Grand Cru Eichberg 2014 : olfaction encore très discrète mais belle complexité naissante, jus riche, silhouette très musculeuse structurée par une puissante ossature minérale, finale sapide et tonique.

Après plus de 3 années de vieillissement ce pinot gris né sur parcelle de vieilles vignes sur le Grand Cru semble se trouver dans une phase intermédiaire entre une jeunesse exubérante et un âge mûr posé et serein…mais ce qui est certain c’est que cette cuvée a toutes les qualités pour devenir un grand vin !

Gewurztraminer Wahlenbourg 2016 : nez très primesautier avec de belles notes florales, matière dense, équilibre assez riche mais finale fraîche et appétante avec des amers minéraux bien salivants.

Réalisé à partir de gewurztraminers issus de parcelles situées sur les coteaux qui bordent le Grand Cru Pfersigberg, ce vin gourmand et expressif dispose d’un potentiel de séduction vraiment ravageur…attention, le risque d’addiction est réel !

Gewurztraminer Grand Cru Pfersigberg 2016 : nez mûr et très flatteur, notes de fruits jaunes bien mûrs et d’épices douces (cannelle, badiane, girofle), puissant et expressif en bouche, finale très sapide, équilibrée par de beaux amers minéraux.

Malgré son jeune âge, ce gewurztraminer n’hésite pas à montrer toute l’étendue de son talent en développant une matière épanouie (25g de S.R.) et une expression aromatique déjà bien complexe. MIAM !

Grâce à cette nouvelle visite au domaine Ginglinger, j’ai pu découvrir l’intégralité de la gamme de vins 2018 en dégustant les cuvées que je n’avais pas eu le temps de goûter en avril…et le verdict est sans appel : l’offre vinique est parfaitement homogène et d’un très haut niveau qualitatif.

Comme j’ai déjà beaucoup parlé de ce domaine sur ce site, je vais éviter d’être redondant dans mes conclusions…mais cela ne va pas m’empêcher de répéter combien j’admire le travail de ce vigneron et à quel point j’aime le style de ses vins.

Michel Ginglinger, toujours aussi passionné lorsqu’il s’agit de parler des terroirs d’Eguisheim.