En rouge et blanc

Le monde  du vin que je fréquente depuis maintenant pas mal d’années est un lieu ou l’on peut rencontrer tous les poncifs et les phrases toutes faites autour d’une table, en dégustation ou  sur internet avec du copier-coller devenu un sport désormais officiel sur la toile. Entre le Sancerre qui sent le bourgeon de cassis ou le pipi de chat, le meursault beurre noisette, le vin déclassé aussi bon que le vin classé mais de l’autre côté du chemin, le vin blanc qui fait mal à la tête, le médoc c’est bien mais le haut médoc c’est mieux…..la liste est très longue, on pourrait en faire un livre !
Et donc j’entends de temps en temps : un vigneron bon sur les rouges est rarement bon sur les blancs et vice versa… j'ai donc eu l’idée d’une dégustation croisée de vins rouges et blancs issus de mêmes domaines que je connais et dont je bois les vins régulièrement.


Ermitage du Pic St Loup : un domaine que j’avais visité en 2014 (une visite autour du pic) et Pierre en 2015 (CLIC).

Languedoc Sainte Agnès blanc 2013 : la couleur offre un très joli doré brillant, l’aromatique se fait discrète, légèrement citronnée et c’est en bouche que le vin s’exprime le plus, sphérique, assez glycériné, une touche légèrement anisée qui amène de la fraicheur et porte le vin en longueur.

Pic Saint Loup Sainte Agnès rouge 2013 : là encore le vin est d’une couleur assez brillante, avec une très légère réduction à l’ouverture qui laisse place rapidement à l’aération à des senteurs sudistes, d’olives noires, de garrigue, de fruits mûrs et d’épices. Un jus très frais avec une légère sensation acide de type agrume contrebalancée par la grande maturité de fruit déjà perceptible au nez. Le tout amène le vin à l’équilibre et augure d’une garde encore de 2/3 ans afin que le tout se montre un peu plus fondu

Ermitage du pic

Le vin blanc goûté alors qu’il était encore en élevage avait été un coup de cœur et d’ailleurs les 6 bouteilles achetées sont bues. Certainement le plus beau blanc du Pic St Loup que j’ai pu boire. La version rouge est aussi de qualité mais je peux entendre que l’on n’aime pas cette expression de vin rouge un peu entêtante à l’instar de ce que fait le château des Tours. Un domaine qui produit une gamme de haut niveau avec comme point d’orgue une cuvée Guilhem Gaulcem qui s’affirme comme un des grands vins du Languedoc.


Domaine Richaud : je suis client depuis de nombreuses années et récemment encore c’est avec Pierre en 2016 (CLIC) que nous sommes allés goûter les vins :

VDP du Vaucluse Bourboulenc 2014 : L’élevage saute un peu au nez et j’ai préféré mettre un coup de carafe pour atténuer cette sensation. Des notes d’épices assez intenses se développent et de fruits secs. L’alcool est assez présent même si au fur et à mesure le tout a tendance à se fondre et la puissance se fait plus maitrisée.

Cairanne 2014 sans soufre ajouté : Très grosse réduction qui a du mal à s’estomper, pourtant la chair est belle, le vin est plein et j’avais très bien goûté les bouteilles précédentes qui avaient un côté séducteur comme sait le faire Marcel Richaud.

Richaud

J’ai toujours eu du mal avec les blancs chez Richaud et mes achats se sont limités la plupart du temps à une bouteille par ci par là. Le rouge cette fois était chafoin mais j’ai bu tant de bouteilles, notamment de cette même cuvée, qui m’ont donné du plaisir, que je ne m’arrête pas sur cette mauvaise passe et continue de préférer les rouges de ce domaine.


Domaine de la Réméjeanne : de façon étonnante, je connais le domaine depuis peu de temps alors que j’habite finalement assez près. Nous sommes allés déguster avec Pierre (CLIC) et j’y suis retourné cette année (CLIC)

CDR blanc Les Eglantiers 2014 : on ressent tout de suite de la délicatesse et de l’élégance dans ce vin qui combine à merveille le floral et le fruité le tout avec beaucoup d’équilibre. Ces notes de poires juteuses avec juste ce qu’il faut d’acidité font saliver et lui donne une belle longueur.

CDR rouge Les Eglantiers 2012 : La encore, l’aromatique est superbe sans être prégnante sur les fruits noirs, le poivre et une discrète note de framboise qui apparaît à l’aération. Le tout présente un joli fondu, tout est en place, on sent un mourvèdre bien né, mûr, colonne vertébrale du vin.

Remejeanne 2

Une doublette de très haute volée avec un ADN partagé jusque dans l’élégance, dénominateur commun de ces deux cuvées. Je vais devenir un client fidèle c’est maintenant une certitude.


Domaine Montirius : Je connais peu le domaine mais avec Pierre nous avions pris beaucoup de plaisir quand nous nous étions rendus sur place. (CLIC)

Vacqueyras blanc Minéral 2010 : en voilà un beau riesling qui pétrole…c’est très étonnant comme 1er nez, déroutant. Au fur et à mesure, l’identité sudiste reprend sa place avec du thym et même des senteurs de miel de châtaignier. Un vin très sec, assez longiligne, qui pourtant n’est pas dénué de gras. Un OVNI qui casse assurément les codes ce qui dans une dégustation de cette nature remplit son office. Je ressens un tout petit poil d’oxydation mais je suis assez sensible en la matière.

Vacqueyras rouge Le Clos 2010 : c’est tout avant un sentiment de puissance qui imprime le vin, c’est mûr, sur les fruits noirs, le chocolat avec beaucoup de matière, de densité tout en restant frais. C’est encore serré mais on devine aisément un grand avenir à cette cuvée.

Montirius 1

Nous avions beaucoup aimé  les vins lors de notre passage sérieux et appliqué…Seuls les prix élevés pour le secteur m’avaient un peu refroidi. Je dois dire que nous sommes très haut dans la qualité de l’appellation avec un blanc très particulier, d’une richesse et d’une complexité hors norme, et un rouge magnifique.


Domaine Gallety : c’est le domaine que je connais le mieux et depuis longtemps. En effet, depuis le millésime 1989, j’ai goûté à tous les millésimes (sauf peut être 92 ?) et la plupart du temps, en élevage, en bouteille et après quelques années de conservation. J’étais passé au domaine pendant la semaine précédent la dégustation.

Domaine blanc Cuvée Spéciale 2015 : grenache blanc, roussane marsanne le tout élevé en cuve. Un vin agréable, bâti sur une matière fine, assez désaltérante, à laquelle il manque à mon sens un peu de fond et de persistance.

Domaine rouge Cuvée Spéciale 2014 : coincé entre rhône nord et sud, ce millésime est assez sudiste, sur l’olive noire et les herbes aromatiques. La bouche confirme cette impression avec une bonne mâche, une pointe de sucrosité marqueur d’un grenache bien mûr et une finale fraîche ou la syrah imprime sa patte.

Gallety

Bon après des essais il y a longtemps, le domaine fait à nouveau une cuvée de blanc, issue de vignes en fermage. C’est évidemment sur la couleur rouge que la famille Gallety imprime sa patte et garde une position prédominante en qualité dans les vins du sud Ardèche.

 
C’était un moment de dégustation très intéressant eu égard notamment à la qualité des vins débouchés. Evidemment, je ne tire aucune conclusion de quoique ce soit si ce n’est à mon sens qu’un même domaine, un même vigneron peut réussir ses vins dans les deux couleurs. Le fait générateur étant je pense d’avoir un patrimoine de terres important et diversifié. Le domaine Montirius sort vainqueur selon mes goûts personnels mais c’est le domaine de la Réméjeanne qui a emporté le plus de suffrages avec des vins superbes d’équilibre et d’élégance. Tous ces domaines sont présents dans ma cave et vont le rester et je les remercie de nous donner autant de plaisirs partagés.

Photo d ensemble


Cyril Amelin - Décembre 2016

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