Périple sudiste 2024 - Visite au domaine Supply-Royer à Arboras

A 15
Suzette millésime 2024…les années passent, la beauté demeure !

Après une édition 2023 un peu perturbée (CLIC), ce périple 2024 a repris une allure un peu plus classique avec une petite étape beaujolaise lors du voyage aller et quelques visites vigneronnes effectuées seul ou en compagnie de mes amis ardèchois.

Je vous emmène donc une nouvelle fois pour un voyage dans le sud qui me permettra de retrouver quelques domaines connus – Les Capréoles à Régnié, La Combe au Mas à Mormoiron, La Ferme Saint Martin à Suzette, Les Agrions à Saint Remèze et les Supply-Royer à Arboras – et de découvrir Le Clau de Lise à Collorgues.
Hoppla, c’est parti !

 

Domaine Supply-Royer à Arboras

 
Dsc 591
Arboras en juin 2024

L’heure de retourner vers l’Alsace est proche mais il me reste encore une visite indispensable à faire du côté d’Arboras où je vais retrouver une nouvelle fois mes amis Eric et Marie-Ange pour découvrir les vins du dernier millésime et passer quelques beaux moments de convivialité en leur compagnie.

Dsc 592
Le vignoble d’Arboras

Comme toujours, je retrouve Eric dans sa cave pour parler millésimes et déguster quelques vins.
2024 s’annonce très bien « nous avons eu pas mal d’eau au printemps, il y a pas mal d’herbe dans les vignes…mais je crains fort une attaque d’oïdium ».
Eric a commencé une série de traitements préventifs au soufre pour anticiper le développement de cette maladie…on ‘est jamais trop prudent !

2023 « c’était 2022 en pire…avec 8 jours consécutifs à plus de 42 degrés, beaucoup de raisins ont brulé sur pied »…il a fallu y croire jusqu’au bout pour arriver à produire du vin.
Allez on goûte !

Nous commençons la dégustation par quelques cuvées de blanc du millésime 2023 en bouteilles.

La Marsanne de Labade : nez très séduisant avec de belles notes d’abricot mûr, bouche riche, puissante et bien juteuse avec un joli gras, finale longue et intense sur les fruits jaunes et les épices douces.
Cette parcelle de marsanne qui commence a exprimer tout son potentiel a produit une récolte correcte mais les vins on fait quelques misères en cave (2 pièces jetées, parties en volatile)…et c’est bien dommage car le résultat final est très convaincant : un vin qui allie gourmandise et buvabilité dans un rapport très bien équilibré.

La Roussane du Bramaïre : nez très discret, bouche généreuse et solidement charpentée stimulée par un léger grip tannique, finale épicée et bien sapide relevée par une fine amertume.
« Ce sont les raisins les plus laids que j’ai récoltés de toute ma vie ! », des baies grillées et confites qui ont pourtant généré cette cuvée remarquable de force et de profondeur, qui aura certes besoin d’encore un peu de temps pour se poser et développer son expression aromatique.

Costas Blanc – Cuvée Jules : nez discret mais d’une très belle pureté qui laisse deviner de beaux arômes de pêche blanche et de poivre, attaque vive puis développement d’un jus assez riche et très profond, finale fraîche et saline avec une longue persistance épicée.
Réalisée avec un assemblage de sémillon, chenin et roussanne provenant d’une très jeune parcelle de vigne (5ème feuille), plantée sur le terroir de Costas, cette cuvée commence à dessiner de façon de plus en plus nette les contours d’une personnalité originale et intéressante : encore sur la retenue sur le plan aromatique, elle développe une matière très prometteuse en bouche.

Dsc 0594

Nous poursuivons la dégustation par quelques cuvées de blanc du millésime 2023 en cours d’élevage sous bois.

Les Intillères blanc : nez discret mais d’une complexité prometteuse, bouche longiligne, très élégante, finale puissante un long retour aromatique fruité et balsamique.
Comme chaque année, les chenins et les bourboulencs plantés sur le « triangle magique » d’Arboras ont généré une cuvée pleine de belles promesses, une cuvée d’ores et déjà remarquable de force et de complexité…le grand blanc du domaine est toujours au top !

Le Bourboulenc de Nega Saumas : nez très frais avec des notes d’agrumes et d’herbes aromatiques, bouche puissante mais d’une belle fraîcheur, finale sapide et solidement tendue avec un long sillage balsamique et poivré.
L’année 2023 a été catastrophique pour le bourboulenc en terme de rendement : « une pièce de vin sur une parcelle de 60 ares ! » si mes calculs sont bons ça fait moins de 500 l/ha…
C’est dommage pour les vignerons dont le travail n’a pas été payé en retour mais également pour les consommateurs car cette cuvée qui possède de très belles qualités fera surement une grande bouteille dans quelques mois…mais il n’y en aura pas pour tout le monde.

C’est le moment de passer aux rouges avec 3 cuvées du millésime 2023 en bouteilles.

Les 6 Feuillettes : fuité très charmeur au nez, bouche juteuse et bien gourmande, finale légère et gouleyante avec une belle persistance réglissée.
Pour le millésime 2023, cette cuvée a été réalisée à partir des mourvèdres de Montlong et des cépages rouges récoltés sur Vialat, qui ont macéré durant une nuit. C’est un rosé très profond – qu’on qualifiera plus justement de « clairet » – terriblement séduisant par son aromatique épanouie et sa parfaite buvabilité. MIAM !

Les Terrasses d’Albertine : nez expressif sur la cerise mûre et le noyau, bouche mûre et concentrée mais d’une belle gourmandise avec une acidité fondue et une trame tannique très soyeuse, finale tonique et très digeste.
Cette cuvée réalisée à partir d’un assemblage de 90% de syrahs et 10% de merlots récoltés sur les hauteurs du plateau aveyronnais, a été vinifiée et élevée en cuve.
C’est un vin qui sort un peu du style Supply-Royer tout en révélant un niveau qualitatif qui lui fera trouver une place de choix dans la gamme vinique de ce domaine…une très belle surprise !

Dsc 598

Avant de passer à la suite, Eric me propose de découvrir une autre cuvée réalisée avec les raisins du Vialat.

C’est un assemblage de 80% de syrah, 10% de cabernet et 10% d’autres cépages, vendangés 15 jours après les raisins de la cuvée des Terrasses d’Albertine, vinifiés et élevés dans un fût neuf et de 5 feuillettes…un vin complexe et raffiné avec une matière puissante, concentrée et déjà parfaitement digeste et une finale longue soutenue par un boisé très élégant…une cuvée qui n’a pas encore de nom mais qui fera surement parler d’elle !

Dsc 0595

Le Badaïre : nez expressif avec une palette fruité complexe, bouche charnue avec un grain tannique serré mais bien mûr, finale digeste avec une longue persistance fruitée/épicée.
Cette cuvée qui associe grenache et cinsault à parts égales – « sauvée par les cinsaults car 60% des grenaches étaient par terre » – se goûte plus facilement que les années précédentes : c’est un assemblage sudiste riche, complexe et solidement construit mais déjà très accessible.

Img 0642


Et pour terminer nous goûtons les cuvées de rouge du millésime 2023 encore en cours d’élevage sous bois.

Le Mour-Sault : nez qui s’ouvre sur des notes de réduction avant de libérer de beaux arômes de fruits noirs et d’épices, bouche puissante avec un jus dense appuyé sur une acidité bien large, équilibre très « punchy », finale très sapide avec un long sillage épicé/réglissé.
Cette cuvée d’assemblage de mourvèdre et de cinsault a permis à Eric de faire un petit clin d’œil amical à la Bourgogne où il a exercé ses talents de vinificateur avant de revenir dans le sud (c’était au domaine Roulot à Meursault)…c’est un vin qui n’a pas terminé sa phase d’élevage mais qui s’exprime déjà avec beaucoup de gourmandise et d’énergie. Prometteur !

Les Intillères : nez expressif et complexe avec des notes de mûre confite, de cassis, de laurier et de bâton de réglisse, bouche ample et puissante avec un équilibre très dynamique, finale très longue sur les épices, la réglisse te la violette.
Comme toujours la cuvée des Intillères est « fidèle au poste » pour révéler sa gourmandise et sa classe avec une spontané tout à fait réjouissante et assumer pleinement sa place au sommet de la hiérarchie vinique du domaine.

Les Cargadous : nez discret qui laisse entrevoir une complexité aromatique très prometteuse, bouche dense et juteuse avec un équilibre bien tonique, finale fraîche marquée par des tannins encore un peu fermes.
Cette cuvée 100% mourvèdre qui séjourne encore sur lies dans deux pièces bourguignonnes (une neuve et une de plusieurs vins), aura encore besoin d’un peu de temps d’affinage pour tempérer sa fougue…mais ce sera une bouteille « collector » car la vigne a été arrachée après la vendange. Avis aux amateurs !

Le Mourvèdre de Montlong : nez complexe et expressif avec une palette fruitée très séduisante, bouche puissante avec une attaque juteuse et gourmande, un centre qui se resserre un peu sous l’action de tannins encore un peu secs, finale longue et tendue.
La nouvelle cuvée de mourvèdre du domaine développe un jus très voluptueux avec une finale qui serre encore un peu…c’est un vin plein de belles promesses qui aura besoin de quelques mois d’élevage supplémentaires pour patiner sa texture.

La Syrah de Pey Cherres : nez pur et frais avec de très belles notes fruitées, bouche concentrée et profonde avec des tanins fins et soyeux et une présence saline/minérale appuyée, finale longue avec un sillage aromatique sur les épices et le bois de réglisse.
Comme chaque année, la vigne de Pey Cherres a encore fait preuve d’une régularité exceptionnelle en donnant 4 pièces de vin avec des jus généreux et solidement construits…la doyenne de la cave Supply-Royer est au rendez-vous

Avant de nous retrouver pour partager un petit dîner dans un restaurant local, Eric et Marie-Ange me proposent de faire un petit crochet par le vignoble afin de voir les nouvelles parcelles.

Dsc 0602
La parcelle du Badaïre…

Dsc 602   Dsc 0600
…avec des pieds de roussanne et quelques pieds d’aligoté

Dsc 604   Dsc 605
La vigne de mourvèdre de Montlong et ses oliviers.

 

Les années passent, de plus en plus vite d’ailleurs, mais le plaisir de partager quelques moments avec mes amis languedociens est toujours aussi intense.
Comme toujours je repars d’Arboras comblé par cette nouvelle rencontre avec Eric et Marie-Ange et bien décidé à les retrouver en 2025.

J’ai pu goûter une très belle série de vins de 2023, des vins riches et généreux avec un caractère sudiste pleinement assumé mais qui présentaient tous des équilibres parfaitement digestes et de très belles aptitudes pour la garde…une juste récompense pour le travail de ces vignerons qui ont su déjouer (presque) tous les pièges de ce millésime compliqué. Chapeau bas les artistes !

Dsc 599

Bref, je vais conclure comme l’année dernière en vous disant une fois de plus tout le bien que je pense de ces vignerons languedociens - des personnes remarquables d'humanité que j'ai le grand plaisir de pouvoir compter parmi mes amis -  et de leurs vins qui m'étonneront toujours par leur constance stylistique et qualitative.

A l’année prochaine, bien sûr !

Ajouter un commentaire

Anti-spam