Pèlerinage en Bourgogne/Beaujolais 2021 - Visite au domaine François Carillon à Puligny-Montrachet

Le vignoble du mâconnais en automne 2021

Malgré les périodes de restrictions liées à la crise sanitaire cette sortie automnale sur les routes du vignoble qui me mènent du Beaujolais jusqu’en Côte d’Or, aura pu se dérouler chaque année…et c’est très bien ainsi, pourvu que cela dure !

Comme toujours, le circuit 2021 va me permettre de retrouver des vignerons que je fréquente depuis longtemps et d’autres que je vais avoir le plaisir de rencontrer pour la première fois…bref, c’est une fois encore un pèlerinage classique avec ses haltes « obligatoires » et ses découvertes qui vont étoffer encore un peu plus mon carnet d’adresses viniques en terre burgonde.

Pour commencer, direction plein sud pour rejoindre mon ami Cyril l’ardéchois à Morgon chez Jean-Marc Burgaud, un vigneron que j’avais rencontré la dernière fois en 2017. Dans l’après-midi nous avons rendez-vous à Quintaine où Gautier Roussille nous attend pour faire goûter quelques fonds de bouteilles qu’il aura réussi à sauvegarder après le week-end festif qui célébrait les 30 ans de biodynamie au domaine Guillemot-Michel. Avant notre dîner au restaurant « Ma Table en Ville » à Mâcon, nous faisons un rapide crochet à Verzé pour une visite expresse chez Nicolas Maillet.
Le deuxième jour nous permettra de faire deux haltes inédites au domaine Barraud à Vergisson et au domaine des Vignes du Mayne à Cruzille avant une soirée à la Soufrandière.
Le troisième jour me conduira à Morey Saint Denis pour voir le nouveau caveau du domaine Castagnier et à Dezize les Maranges pour y découvrir les vins du domaine Regnaudot.
Ma tournée 2021 se terminera par deux visites habituelles au pays des grands blancs de la Côte de Beaune, au domaine Carillon et au domaine Buisson-Charles.

Hoppla, c’est parti !

Jour 4 : visite au domaine François Carillon à Puligny Montrachet

Puligny en automne 2021

La dernière journée de ce pèlerinage bourguignon débutera par une visite dans le domaine que je fréquente depuis le plus de temps dans cette région puisque, si je compte bien, 2020 sera mon 32ème millésime chez la famille Carillon…une fidélité à toute épreuve mais finalement assez normale puisque la qualité des vins de ce domaine ne m’a jamais déçu jusqu’ici.

Le Mont-Rachet en automne 2021

Comme François Carillon a décidé de profiter de cette période un peu plus calme pour prendre quelques jours de repos, je suis reçu par Thomas, un collaborateur qui l’assiste en cave depuis de longues années.

Les fûts avec les vins du millésime 2021…

…dans les grandes caves voûtées du domaine Carillon.

Nous évoquons rapidement le millésime 2021 avec une récolte diminuée de plus de 60% à cause de cet épisode de gel dévastateur du printemps.
Malgré ces pertes, la qualité des jus était très bonne « avec de belles surprises sur les cuvées génériques et les cuvées villages » grâce notamment à « une pluie salvatrice tombée le 20 septembre qui a permis à certaines vignes de bien reprendre ».
Au domaine Carillon, les vendanges 2021 ont démarré le 17 octobre…ça change de 2020 !

Les vins de 2020 ont été soutirés de juin à août et entonnés en masse sur lies sélectionnées dans des cuvées inox pour attendre la mise.
La vendange 2020 a été très satisfaisante – « nous avons fait le plein dans presque toutes les appellations » – les jus ont été assez simples à travailler en cave et les vins finis révèlent une très belle qualité d’ensemble : « ce sont des vins riches, profonds et équilibrés »…et si nous allions vérifier tout ça !

Les outils sont prêts…

…et Thomas joue aux équilibristes pour prélever les vins.

C’est parti !

Aligoté 1 : nez discret mais d’une grande pureté, bouche assez dense et bien gourmande, finale tonique avec une légère présence tannique et un beau sillage fruité/boisé.
(élevage : fûts avec 3 à 5% de bois neuf)
Aligoté 2 : aromatique comparable à celle de la cuvée précédente, bouche plus ample avec un gras sensible et une mâche tannique très soyeuse.
(élevage : fûts et 25% en « menhir » de 500 litres)
Avec leur jus consistant et structuré ces deux cuvées d’aligoté nous offrent une interprétation très luxueuse de ce cépage.
Même si la seconde cuvée a bénéficié d’un élevage original destiné à lui apporter un supplément de volume, les deux cuvées seront assemblées pour donner naissance à un aligoté 2020 qui s’annonce très prometteur.

Les « menhirs » en chêne du domaine Carillon

Bourgogne Chardonnay : nez fermé, assez austère, bouche longiligne et finement ciselée, équilibre bien droit, finale fraîche avec un sillage aromatique sur l’amande fraîche et le chèvrefeuille.
(élevage : fûts avec 10% de bois neuf)
Malgré son jeune âge, cette cuvée générique affirme un vrai style « pulignesque » : c’est un vin élégant et tendu qui laisse deviner d’ores et déjà une belle empreinte minérale…bon sang ne saurait mentir, comme on dit !

Puligny Montrachet : nez pur et très complexe, matière ample avec un joli gras, tenue par une acidité large et une belle salinité, finale droite avec un long retour minéral.
(élevage : fûts avec 10% de bois neuf)

Puligny Montrachet Les Enseignières : nez ouvert et charmeur avec de belles notes de fruits blancs frais et d’amande sur un fond délicatement vanillé, bouche bien droite avec un jus onctueux et concentré qui enrobe une acidité vive et centrée, finale tonique et très saline avec une belle persistance aromatique sur les épices et la résine.
(élevage : fûts avec 10% de bois neuf)

A côté d’une cuvée village très racée et déjà empreinte d’une profonde minéralité, le puligny né sur le terroir des Enseignères révèle un profil de séducteur un peu inhabituel à ce stade mais dieu que c’est bon !
Voilà deux très beaux vins dont personnalités commencent à se dessiner mais qui auront bien plus de choses à dire dans quelques années.

Saint Aubin 1° Cru Les Murgers des Dents de Chien : nez discret avec des notes de pierre à fusil sur un fond délicatement fumé, bouche puissante avec un jus concentré soutenu par une base acide/saline très solide, finale tendue avec une belle persistance aromatique sur la pierre et la craie.
(élevage : fûts de 350 litres avec 10% de bois neuf)

Cette cuvée issue de l’un des terroirs les plus réputés de Saint Aubin, impressionne dès aujourd’hui autant par la densité de son jus que par la profondeur de sa structure minérale.
Voilà un vin qui nous fait entrer dans le monde des grands chardonnays de la Côte de Beaune.

Puligny Montrachet 1° Cru Champ-Gain : nez plus ouvert et assez flatteur avec une palette complexe sur les fruits à chair blanche et les herbes à tisane (verveine, mélisse), bouche très élégante avec une silhouette longiligne et un équilibre bien frais, finale ciselée avec une beau sillage fruité et minéral.
(élevage : fûts avec 20% de bois neuf)

Puligny Montrachet 1° Cru Les Combettes : nez plus discret qui laisse deviner une palette aromatique complexe et raffinée, bouche riche mais très bien construite avec un jus généreux structuré par une acidité mûre et très droite, finale fraîche marquée par une profonde salinité.
(élevage : fûts avec 20% de bois neuf)

Puligny Montrachet 1° Cru Les Perrières : nez discret avec une palette délicate sur le citron frais et la pierre à fusil, bouche volumineuse mais un peu plus anguleuse avec une matière très concentrée et une structure acide/saline bien ferme, finale longue et sapide avec de beaux amers minéraux.
(élevage : fûts avec 20% de bois neuf)
Avec un Champ Gain remarquable d’expressivité et de finesse, un Combettes ample et parfaitement équilibré et un Perrières puissant et minéral, François Carillon nous propose trois premiers crus de haut vol qui commencent déjà à révéler leurs signatures minérales dans leur aromatique et dans leur structure…mais comme tout grand blanc beaunois qui se respecte, ils sont bien évidemment encore très loin de leur apogée.

A force de répéter mes visites chez les Carillon – plus de 20 millésimes chez le père et déjà 10 millésimes chez Francois – je n’ai pas forcément beaucoup de choses originales à vous raconter sur ce domaine mais je reste toujours ébahi face au niveau de qualité de la production vinique de cette famille vigneronne de Puligny.

J’ai toujours autant de plaisir à me promener sous les voutes des ces grandes caves où s’affinent les vins du dernier millésime avant de me retrouver dans le cuvage inox pour y déguster quelques cuvées de la future gamme du domaine Carillon.
Les vins goûtés ce jour se sont laissés approcher sans difficulté tout en esquissant déjà des personnalités bien typées avec des potentiels d’évolution très prometteurs.

Dans cette série très convaincante, j’ai quand même envie de citer quelques cuvées qui m’ont particulièrement impressionné ce jour comme ce superbe Puligny des Enseignères qui associe gourmandise et minéralité dans une parfaite harmonie ou encore ce premier cru de Saint Aubin qui exprime son terroir avec une force peu commune.

Bravo à l’équipe du domaine Carillon pour cette constance qualitative et merci à Thomas pour son accueil.