Périple sudiste 2025 - Visite au domaine Supply-Royer à Arboras
Le Ventoux vu de la Combe au Mas
L’édition 2025 de mon périple sudiste sera organisé de façon classique avec une petite étape en Côte Châlonnaise lors du voyage aller pour rencontrer Aline Beauné à Buxy, avant de poser mes valises à Port Camargue d’où je vais planifier un certain nombre d’escapades dans les vignobles languedociens et sud-rhodaniens.
Je vous emmène donc une nouvelle fois pour un voyage dans le sud qui me permettra de retrouver des vignerons que je connais déjà – au Clau de Lise, chez les Supply-Royer , au domaine de Montvac et à La Combe au Mas – et de découvrir quelques domaines que je vais visiter pour la première fois : le domaine Aline Beauné, le Mas Mellet, le domaine Coston et le domaine du Temps Désiré.
Hoppla, c’est parti !
Domaine Supply-Royer à Arboras
Arboras et le Mont Baudile en juin 2025
Après une halte assez courte mais très intéressante au domaine Coston et ma traditionnelle promenade dans les rues de Saint-Guilhem-le-Désert, j’ai le grand plaisir de retrouver mes amis Eric et Marie-Ange pour ma visite annuelle au domaine Supply-Royer.
Comme d’habitude, je retrouve Eric dans sa cave pour parler de l’évolution du domaine et des derniers millésimes avant déguster quelques vins.
2024 qui s’annonçait très bien l’été dernier, a tenu ses promesses « avec des pluies qui sont tombées pile au bon moment, 2024 a été un très beau millésime tant au niveau de la quantité qu’au niveau de la qualité ».
En revanche, il y a eu quelques soucis en cave notamment avec des « malos languissantes sur certaines cuvées » ce qui a obligé Eric à faire appel à un prestataire pour « stabiliser les vins par une filtration stérile au moment de l’embouteillage »…un procédé inédit au domaine qui n’a pas manqué d’inquiéter ce vigneron adepte d’une mise en bouteilles à l’ancienne.
Nous commençons donc la dégustation par les cuvées de blanc du millésime 2024 qui ont été mises bouteilles il y a 5 jours par le prestataire.
La Marsanne de Labade : fruité pur et avenant soutenu par un boisé très élégant au nez, bouche ample avec un joli gras et une salinité marquée, finale assez tonique avec un beau sillage balsamique et crayeux.
Cette année la vigne de marsanne a produit 7 pièces d’un très joli vin qui s’exprime dès à présent avec une délicatesse et une gourmandise très prometteuses…une dégustation très rassurante car dès la première gorgée on sent que malgré un traitement inhabituel, cette cuvée reste fidèle au style Supply-Royer.
Le nouvel habillage des bouteilles du domaine avec les contre-étiquettes réglementaires.
Costas Blanc – Cuvée Jules : nez discret et raffiné qui laisse deviner des arômes végétaux nobles sur un fond miellé et balsamique, bouche puissante qui développe un jus concentré tenu par une charpente acide tonique, finale longue et sapide.
Cette jeune parcelle plantée de sémillon, chenin et roussanne sur le terroir de Costas, a produit 4 pièces d’une cuvée qui affirme sa personnalité de façon de plus en plus nette tout en révélant un très beau niveau de qualité. J’adore !
La Roussane de Victor : nez très charmeur avec une palette très « pâtissière » (crème anglaise, brioche, vanille), bouche généreuse avec un toucher très soyeux structuré par une maille acide/saline bien solide, finale fraîche et salivante avec des mares nobles et une persistance sur les herbes de garrigue et les épices douces.
Après le petit Jules et le petit Léon, qui ont déjà chacun leur cuvées « personnelles » c’est au tour du petit Victor de voir son prénom sur une étiquette du domaine avec cette roussanne (ex « Bramaïre ») déjà très en forme…une cuvée remarquable de gourmandise et de buvabilité. MIAM !
Nous poursuivons la dégustation des 2 cuvées de blanc du millésime 2024 encore en cours d’élevage sous bois.
Les Intillères blanc : nez discret où on devine un fruité délicat et des notes d’autolyse très élégantes, bouche pleine d’énergie, ample et bien charnue, finale longue sur la craie et les épices douces.
Les chenins et les bourboulencs plantés sur le « triangle magique » d’Arboras s’expriment encore avec une certaine retenue mais en bouche la qualité du jus ne laisse aucun doute…une fois de plus le blanc des « Intillères » sera grand.
Le Bourboulenc : nez discret mais très avenant avec de belles notes de friandises sucrées (un peu stand de fête foraine), bouche puissante, dense et soutenue par une base acide/saline très large, finale étirée et sapide avec une persistance acidulée très stimulante.
En 2024 la vieille vigne de Nega Saumas n’a produit que peu de fruits – « 5 caisses de raisins récoltés sur la parcelle » – ce qui fait que la vendange a été complétée par des bourboulencs récoltés sur deux autres parcelles, « Les Intillères » et « La Croix du Pin ».
Pour la première fois depuis les débuts de ce domaine cette cuvée « historique change de nom puisqu’elle ne fait plus référence au lieu-dit mais que les aficionados se rassurent, cette version inédite est pleine de belles promesses.
C’est le moment de passer aux rouges avec 3 cuvées du millésime 2024 en bouteilles, un millésime particulièrement réussi : « en rouge, c’est probablement le meilleur millésime du siècle » avec des pluies au bon moment et une semaine de vents froids début septembre, ce qui a permis aux raisins d’atteindre une parfaite maturité phénolique.
C’est parti pour les rouges.
Les 6 Feuillettes : nez très charmeur avec des notes de fruits rouges bien mûrs, un peu grenadine, bouche gourmande et sapide avec un équilibre assez tonique, finale fraîche et gouleyante.
Pour le millésime 2024 cette cuvée a été réalisée à partir de mourvèdres (60%), syrahs, grenaches et cinsaults vinifiés après une cuvaison très courte.
C’est un rouge « léger » diablement séduisant et d’une parfaite buvabilité. MIAM !
Les Terrasses d’Albertine : fruité discret mais bien complexe au nez, bouche suave et charnue stimulée par une acidité assez pointue et un petit grip tannique bien stimulant, finale tonique et très digeste.
Les Terrasses d’Albertine – La Nauc : nez très raffiné, un peu « bordelais », avec une palette florale et finement boisée, bouche puissante avec un jus dense tenu par une charpente tannique encore un peu serrée, finale longue et grenue avec un beau sillage sur la violette et les épices.
Contrairement à ce qui s’est passé sur les terrasses du Larzac, le millésime 2024 a été plutôt difficile dans le vignoble aveyronnais – « l’état des raisins n’était vraiment pas joli » – mais au bout du compte ces deux cuvées qui viennent d’être mises en bouteille il y a quelques jours, se tiennent plutôt bien : à côté d’une version élevée en cuve déjà fort séduisante, la version élevée sous bois, plus profonde et plus racée, demandera encore une peu de temps pour lisser sa texture.
Le Badaïre : aromatique encore assez discrète au nez, bouche superbe avec un jus profondément fruité structuré par une trame tannique fine et soyeuse, finale fraîche et « glissante avec une persistance acidulée très appétante.
Cette année cette cuvée a été réalisé à partir d’un assemblage de cinsaults (vinifiés à part) et de grenaches égrappés et de merlots laissés entiers vinifiés en « mille feuilles » (superposition de couches de merlots en vendange entière et de couches de grenaches égrappés)…un procédé inédit au domaine mais mis en œuvre parce que « les merlots de 2024 étaient particulièrement beaux ».
Le résultat final est un vin complet, complexe et racé, qui donnera toute la mesure de son talent après quelques mois en cave.
Nous poursuivons cette dégustation en découvrant les cuvées de rouge du millésime 2024 encore en cours d’élevage.
Avec une cave bien remplie, le prélèvement sur fût demande quelques talents de grimpeur et de contorsionniste.
Les Intillères : nez très réservé avec un fruité pur soutenu par de fines notes balsamiques , bouche ample et puissante avec des tanins veloutés, finale intense et sapide avec une belle persistance épicée/vanillée.
Cette année la grande cuvée du domaine, réalisée avec de 80% de carignans des Intillères accompagnés par 20% de mourvèdres de Montlong, a été élevée dans 2 fûts récents composés de bois d’origine différente (Nivernais, Allier et Vosges)…un traitement de faveur réservé à un vin superbe destiné à un avenir radieux. MIAM !
Le Mourvèdre de Mon Léon : nez marqué par des notes de réduction (poudre à canon), bouche puissante et concentrée, tramée par une maille tannique d’une grande finesse, finale longue avec un sillage épicé/réglissé.
Malgré une aromatique qui trahit un élevage réducteur (assumé), cette cuvée développe un jus magnifique en bouche. RE-MIAM !
La Syrah de Pey Cherres : nez très avenant avec une palette fruité/épicée très complexe, bouche riche et puissante mais d’une souplesse étonnante (pour ne pas dire inhabituelle à ce stade), finale longue et sapide.
Avec seulement 3 pièces de vin produites en 2024, la vigne de Pey-Cherres a été un peu moins généreuse que l’année passée mais au niveau de la qualité rien ne bouge…c’est toujours très bon !
Et pour terminer nous goûtons quelques cuvées de rouge de millésimes plus anciens.
Le Mour-Sault 2023 : nez très flatteur avec des notes de framboise et de cerise rouge, bouche très gourmande avec un jus consistant structuré par une trame acide/tannique très soyeuse, finale souple et gouleyante.
Goûtée en phase d’élevage l’année passée, cette cuvée réalisée à partir de mourvèdres et de cinsaults vinifiés à part et assemblés pour un élevage de 12 mois en fût, a tenu toutes ses promesses, c’est un vin généreux et profondément fruité mais très accessible.
Cette cuvée ne sera hélas pas produite en 2024 « la faute aux sangliers qui ont mangé tous les cinsaults avant la vendange ».
Le Mourvèdre de Mon Léon 2023 : nez complexe et raffiné avec des notes de fruits noirs et de violette, bouche juteuse et gourmande avec une texture très onctueuse, finale longue et sapide.
La nouvelle cuvée de mourvèdre qui a terminé sa face d’élevage par un passage de 6 mois dans des fûts récents (un fût neuf et un fût de un vin), a bien lissé ses tanins qui étaient encore un peu durs l’année passée…aujourd’hui, c’est un vin bien construit et très agréable à siroter. MIAM !
La Syrah de Pey Cherres 2022 : nez complexe et racé avec des notes de mûre et de violette sur un fond épicé, bouche puissante qui développe un jus dense et soyeux porté par une belle trame acide/tannique, finale longue et très appétante.
Nous terminons cette belle dégustation par la « doyenne » qui a trouvé sa vitesse de croisière après 3 petites années de garde…magnifique comme toujours !
Les années passent, de plus en plus vite d’ailleurs, mais le plaisir de partager quelques moments avec mes amis languedociens est toujours aussi intense.
Même si quelques cuvées qui ont causé des soucis à Eric en cave, les vins de 2024 sont de très belles réussites, des vins avec un style sudiste bien affirmé et des caractères forts mais avec toujours cette élégance et cette facilité d’accès qui nous feraient presque oublier que la plupart des ces cuvées demandent quelques années en cave pour s’exprimer pleinement.
Comme toujours je repars d’Arboras comblé par cette nouvelle rencontre avec Eric et Marie-Ange et bien décidé à les retrouver en 2026.
A l’année prochaine, bien sûr !
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