Pèlerinage Bourgogne/Beaujolais 2016 - Visite au domaine Burgaud

Comme je n’ai pas pu effectuer mon traditionnel pèlerinage estival en terre burgonde, j’ai décidé de profiter de mes congés d’automne pour programmer ce séjour prolongé qui va me faire voyager de la Côte de Nuits au Mont Brouilly.
Lors de la première journée de cette longue tournée oenophile j’ai prévu 3 visites : le
domaine Castagnier à Morey-Saint Denis, le domaine Gros Frère&Sœur à Vosne Romanée et le domaine Chicotot à Nuits Saint Georges.
Pour les deux jours suivants je serai rejoint par mes vieux compères, Jean-Claude et Jean-Luc – ceux là même qui m’avaient accompagné l’année passée – pour une virée dans les vignobles du Beaujolais, du Mâconnais et de la Côte Châlonnaise avec 5 étapes viniques au programme : le domaine Burgaud à Morgon, le Château Thivin à Odenas, le domaine René Michel à Clessé, La Soufrandière à Vinzelles et le domaine Tatraux à Givry.
Le dernier jour verra mon retour en Bourgogne avec 3 visites en Côte de Beaune : le domaine Carillon à Puligny-Montrachet, le domaine Buisson-Charles à Meursault et le domaine Christophe Vaudoisey à Volnay.

Hoppla, c’est parti !

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La montagne sacrée de la Côte de Beaune parée des couleurs flamboyantes de l'automne

 

Jour 2. : visite au domaine Burgaud à Morgon

 

 
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Jour pluvieux sur le vignoble de Morgon…mais les couleurs restent magnifiques.

Après une bonne nuit à Châlon sur Saône, je repars en direction du sud pour aller vadrouiller durant deux jours dans les vignobles du Beaujolais et du Mâconnais.
La première halte de la matinée est prévue à sur la colline du Py à Morgon pour une visite chez Jean-Marc Burgaud.
Avec l’arrivée de mes deux poteaux alsaciens – Jean-Claude et Jean-Luc – et la présence de Michel, l’artiste de Clessé que j’ai cueilli de bon matin à son domicile, le quatuor de la tournée beaujolaise de l’an passé est reconstitué et prêt à partir à la chasse aux belles quilles.
Jetzt get’s los !

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Arrivés !

Un peu déroutés par un fléchage ambigu qui nous a fait visiter le hameau de Morgon, nous arrivons au domaine Burgaud vers 11 heures, juste quelques minutes avant le binôme alsacien parti de Strasbourg au petit matin.
Jean-Marc Burgaud nous accueille et nous invite à la suivre pour nous installer au sec autour de la grande table qui occupe le coin de son chai à côté des pièces de chêne où s’affinent les cuvées de réserve du dernier millésime.

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Début de dégustation en compagnie de Jean-Marc Burgaud

Avant de déboucher les premiers  flacons, Jean-Marc nous fait un point rapide sur les derniers millésimes.

2016 : « Nous n’avons pas eu de problèmes de gelées mais nous avons subi des orages de grêle sur Charmes et dans le secteur de Fleurie », par contre au niveau sanitaire, les longues périodes de pluies du printemps et de l’été ont fait considérablement augmenter la pression des maladies au niveau des vignes « les fenêtres météo pour traiter étaient très courtes, il fallait une vigilance de chaque instant…c’était assez éprouvant ».
Les vendanges se sont déroulées normalement et au bout du compte 2016 s’annonce comme « un très beau millésime classique » chez Jean-Marc Burgaud.

2015 : c’est un millésime exceptionnel avec des maturités fortes « les longs épisodes de canicule on concentré les raisins » et sans aucun souci au niveau sanitaire « les fruits étaient parfaits…je pense que mes vendangeurs n’ont pas jeté plus de 10 kg de raisin sur l’ensemble de nos parcelles ».
Il valait d’ailleurs mieux ne pas être obligé de trier car les rendements n’ont pas été biens hauts en 2015.
Avec une matière aussi riche et concentrées Jean-Marc a décidé de travailler avec une vendange entière et de réduire un peu la durée des macérations « 5 jours pour les beaujolais-villages, 8 jours pour le morgon Charmes et 10 à 12 jours pour les cuvées de la Côte du Py ».
Les cuvées parcellaires de 2015 sont encore en cours d’élevage dans des pièces de 350 litres de la maison François Frères.

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James et Javernières 2015 continuent de s’affiner dans leurs fûts.

Dégustation des cuvées de 2015 en bouteille :

Beaujolais Villages Les Vignes de Thulon : nez ouvert et gourmand, notes de fruits rouges bien mûrs, matière vineuse, belle concentration, finale sapide, sillage sur la prune avec de fines nuances minérales.

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Né sur le terroir granitique de Lantigné, ce beaujolais-villages va un peu à l’encontre de l’image convenue de frivolité attachée à cette appellation : généreux et solidement tramé par une belle présence acide/saline, c’est un vin riche et savoureux qui trouvera très facilement sa place à table face à un plateau de charcuterie et peut-être même sur un coq au vin.

Morgon Les Charmes : nez plus discret, palette pure et complexe, notes fruitées et belles évocations florales, matière pleine et concentrée, structure sphérique, trame tannique souple, finale longue et tonique.

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Cette vigne de plus de 85 ans implantée sur un terroir granitique dans le secteur nord-ouest de l’appellation morgon, a généré un vin très élégant qui nous « charme » avec sa belle finesse aromatique tout en montrant un caractère bien trempé. MIAM !

Morgon Les Grands Cras : nez complexe et très discret, palette un peu austère notes épicées et minéralité sensible, matière séveuse, belle concentration et acidité un peu plus saillante qui donne beaucoup de vivacité au grain tannique, finale nette et bien tendue.
Issue d’une vigne sexagénaire située sur un terroir argileux dans le secteur sud du cru, cette cuvée est toujours un peu atypique dans la gamme du domaine et la version 2015 ne déroge pas à la règle puisque sur ce millésime où les vins explosent en bouche et au nez, ce morgon Grand Cras révèle une personnalité pleine de retenue et de sérieux…un vin étonnant, comme d’habitude !

Morgon Côte du Py : nez discret et suave, notes de fruits à noyau, cerise, abricot frais, pêche de vigne, compact et assez massif en bouche, trame tannique caressante, finale fruitée et nuances minérales naissantes (pierre chaude).

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Née sur la colline magique de l’appellation morgon, cette première cuvée de Côte du Py élevée en cuve commence déjà à parler terroir dans son expression aromatique comme dans la nature de sa présence en bouche…voilà un vrai surdoué qui flatte les sens dès sa prime jeunesse tout en possédant un potentiel d’évolution exceptionnel. Grand vin !

Les cuvées « Javernières » et « James » 2015 étant encore en fûts pour quelques semaines, Jean-Marc nous fait un assemblage en direct « à la pipette » pour nous donner une idée précise de l’identité future de ces deux vins.

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Le virtuose de la pipette à l’œuvre

Morgon Javernières : nez fruité bien mûr, fines touches vanillées et épicées, matière juteuse, élégante et longiligne, finale franche et précise, boisé subtil.
Sur ce terroir riche en argile et en oxyde de fer situé dans la partie basse du Py, Jean-Marc Burgaud élabore une cuvée brillante et racée conçue pour être gardée quelques années…mais j’ai comme l’impression que sur ce millésime l’amateur sera tenté de profiter plus tôt de sa belle gourmandise.

Morgon James : nez expressif, fruité intense et tonique, matière puissante, silhouette assez massive tenue par une colonne acide très solide, finale longue, sapide et délicatement boisée.
Né sur une parcelle de vigne très caillouteuse située au sommet du Py, « James » est un peu la star de la cave Burgaud. En 2015, cette cuvée séduit et impressionne par son énergie et son expressivité mais comme « Javernières », c’est un vin fait pour se bonifier en cave mais qui sera agréable à boire dès sa mise en bouteille.


Nous terminons la série de vins rouges par deux cuvées parcellaires de 2014 encore présentes sur le tarif actuel du domaine :

Morgon Javernières : nez expressif, palette harmonieuse et complexe, jus très gourmand, acidité droite et tanins très fins, finale sapide, délicatement épicée et minérale.
Morgon James : nez riche, un peu plus mûr mais tout aussi complexe que « Javernières », matière ample, dense et solidement structurée par un maillage acide/tannique bien construit, finale fraîche, fruitée, réglissée et discrètement boisée.
Avec leurs expressions aromatiques un peu timides mais toujours très pures, les deux grandes cuvées de 2014 du domaine Burgaud semblent encore bien trop jeunes pour nous donner toute la mesure de leur talent mais leurs présences en bouche remarquables de concentration et d’équilibre portent de très belles promesses pour les années à venir. Grands vins !


Et en guise de conclusion, Jean-Marc nous propose le dernier-né du domaine Burgaud :

Beaujolais Villages Blanc 2015 : nez ouvert et très charmeur, notes florales et miellées qui évoquent les friandises à l’acacia, bouche parfaitement gouleyante, souple, légère et bien glissante en finale.

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Située sur une parcelle argileuse dans le vignoble de Lantigné, cette vigne a été replantée en 2010 (9500 pieds/hectare) avec une sélection de chardonnays à petits grains.
Facile d’accès, gourmand à souhait mais travaillé avec une rigueur exemplaire, ce premier essai en blanc de Jean-Marc Burgaud me semble particulièrement prometteur. MIAM !


Ma dernière visite au domaine Burgaud remontant à 2012 – 4 ans déjà ! – il était vraiment grand temps de revenir faire étape à Morgon pour rencontrer ce vigneron sympathique qui réussit à sublimer les terroirs du beaujolais en concevant des vins sérieux et authentiques que les guides viniques et la presse spécialisée plébiscitent régulièrement…et à juste titre !

Les cuvées de 2015 élevées en cuves portent de très belles promesses avec des matières riches et épanouies qui commenceront très tôt leur carrière de séducteurs mais qui tiendront facilement quelques années en cave.
Les cuvées parcellaires profitent de leur élevage sous bois pour complexifier leurs profils aromatiques et donner une patine très raffinée à leurs textures.
Les 2014 respirent la classe et la distinction et feront de très beaux vins de garde alors que les 2015 se montrent assez spectaculaires dès à présent mais possèdent également des matières capables de lancer un défi au temps qui passe.

Que ce soit sur 2014 ou sur 2015, j’ai beaucoup apprécié « Javernières » et « James », deux cuvées que j’ai parfois trouvées trop boisées par le passé, mais qui bénéficient aujourd’hui d’un parc de futaille bien mature, propice à des élevages dosés avec beaucoup de pertinence.

Coup de cœur général pour cette gamme de vins riche, diversifiée et d’un très haut niveau qualitatif.

Mille mercis à Jean-Marc pour son accueil et à très bientôt sur les flancs de la côte du Py…en tous cas, je n’attendrai plus 4 ans c’est sûr !

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Des rangs de vignes sur les sols noirs du Py.

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