Grâce à mon départ à la retraite officialisé le 1 septembre 2020, c’est en « homme libre » que peux entreprendre cette nouvelle escapade automnale en terre burgonde…et même si le contexte actuel n’est pas des plus réjouissants, j’ai bien l’intention de profiter pleinement de ces quelques jours pour aller boire quelques canons et partager des moments de convivialité et de gourmandise avec quelques défenseurs du bien-vivre, amateurs de bons vins et de bonne chère.
Comme d’habitude, mon parcours 2020 va me permettre de retrouver des vignerons que je fréquente depuis longtemps et d’autres que je vais avoir le plaisir de rencontrer pour la première fois…bref, c’est un pèlerinage classique avec ses haltes « obligatoires » et ses découvertes qui vont étoffer encore un peu plus mon carnet d’adresses viniques.
La première journée sera consacrée au vignoble mâconnais avec 3 visites chez des vignerons : le matin au domaine de La Soufrandière à Vinzelles, l’après-midi au domaine Cornin à Chaintré et au domaine Maillet à Verzé.La seconde journée nous mènera de Vergisson où nous irons goûter les vins du domaine Jacques Saumaize et à Régnié pour une nouvelle rencontre avec Antoine Sunier.Pour la troisième journée mon programme prévoit une deuxième étape beaujolaise au domaine des Marrans à Fleurie et une visite inédite en côte châlonnaise au domaine Charton à Mercurey.Mon séjour 2020 se conclura par une énième halte chez mes amis Catherine et Patrick Essa au domaine Buisson-Charles à Meursault et un rapide passage chez Jérôme Castagnier à Morey Saint Denis.
Hoppla, c’est parti !
Le village de Vergisson et le massif du Mont Blanc à l’horizon…magique !
Jour 3 : visite au domaine des Marrans à Fleurie
Mon pèlerinage 2020 se poursuit par deux journées en solo et débute avec un retour dans le Beaujolais et une halte au domaine des Marrans, un domaine que je connais depuis l’année 2013 et où je me suis déjà arrêté 4 fois (en 2013, 2014, 2015 et 2017).
Mais après avoir vu le niveau de ma réserve de bouteilles de Fleurie, au plus bas depuis quelques temps dans ma cave, cette cinquième visite chez la famille Mélinand était tout à fait indispensable.
Des vignes sur la route vers Fleurie…
…et la chapelle de la Madone vue du domaine des Marrans
Bien qu’ayant déjà fait un tour complet des installations du domaine par le passé, je profite de l’arrivée de nouveaux clients pour les accompagner dans la visite des caves proposée par Jean-Jacques Mélinand.
Au domaine des Marrans on élève la pluparts des vins dans des foudres mais le Beaujolais blanc et les cuvées « Champagne » et « Pavillon » sont élevées en demi-muids.
Foudres neufs…
…et foudres anciens monopolisent l’espace de la cave du domaine.
De retour au caveau de dégustation, Jean-Jacques Mélinand nous parle rapidement des derniers millésimes :
- « 2018, généreux et facile à la vigne mais avec des fermentations très capricieuses »
- « 2019, une année normale avec des rendement moins importants qu’en 2018 mais sans problème en cave »
- « 2020, le millésime le plus précoce depuis 2003 avec de très belles matières premières mais des rendements faibles ».
Le caveau de dégustation du domaine des Marrans…
…et la gamme vinique prête à être dégustée.
Beaujolais Vieilles Vignes 2019 : nez expressif et flatteur sur les fruits rouges frais, jus gourmand et très sapide en bouche.
Récolté sur le ban de Saint Jean d’Ardières, cette cuvée d’entrée de gamme est une petite friandise qui se boit avec une facilité déconcertante dès aujourd’hui…tout en confirmant que 2019 sera un très beau millésime en Beaujolais. MIAM !
Beaujolais Villages 2018 : nez agréable avec une palette aromatique proche de celle de la cuvée de Beaujolais, jus plus concentré et présence tannique un peu plus marquée en bouche, amers minéraux en finale.
Née sur un terroir limono-granitique situé sur un coteau de Lancié, cette cuvée solidement constituée révèle une structure un peu plus serrée qui lui donne un caractère assez viril…à garder encore un peu ou à déboucher pour accompagner une viande rouge rôtie.
Fleurie Les Marrans 2018 : nez superbe sur la pivoine et le noyau de cerise, bouche très élégante, jus bien gourmand, équilibre bien frais, finale longuement aromatique et très digeste.
Comme toujours, la première cuvée de Fleurie du domaine des Marrans nous offre un magnifique récital de senteurs et de saveurs tout en gardant une belle buvabilité. MIAM
Fleurie Champagne 2018 : nez complexe et racé, palette fruitée et florale sur un fond minéral sensible (graphite), bouche ample et charnue avec des tanins fins et bien fondus, finale sapide avec un joli retour aromatique sur la violette.
Cette cuvée qui a fait son apparition récemment dans la gamme du domaine est issue de 3 parcelles sur ce lieu-dit que j’avais découvert il y a quelques années chez Jean-Louis Dutraive.
C’est un vin séduisant mais avec un caractère bien trempé qui magnifie ce beau terroir de Fleurie…voilà une grande bouteille qui pourra être débouchée dès maintenant mais qui gagnera surement à attendre un peu en cave.
Fleurie Clos du Pavillon 2018 : nez profond et très complexe mais encore un peu sur la retenue, bouche puissante avec un équilibre très droit et des tanins mûrs mais serrés, finale longue avec un beau retour floral et minéral.
La grande cuvée du domaine montre une certaine austérité à l’heure actuelle mais son potentiel est impressionnant…c’est surement le grand vin de garde de la gamme des Marrans.
Chiroubles Aux Côtes 2018 : nez expressif avec un fruité précis sur les petits fruits rouges frais (groseille, framboise, griotte), bouche assez opulente mais tenue par une acidité vive et centrée, finale sapide avec du fruit et quelques évocations minérales qui commencent à se faire remarquer.
Née sur de très belles parcelles de vieilles vignes sur le ban de Chiroubles, cette cuvée a bénéficié d’une phase de macération longue pour donner à ces gamays de haute qualité la possibilité de s’exprimer pleinement.
C’est un vin riche et corsé avec un caractère plutôt « sudiste » et doté d’un très beau potentiel de garde. MIAM !
Morgon Corcelettes 2018 : nez assez retenu mais prometteur, bouche riche et puissante avec un très beau développement aromatique sur la cerise mûre et le noyau – « kirsché » comme il se doit à Morgon – finale intense mais bien sapide.
Toujours aussi classique dans son expression et toujours aussi gourmand en bouche ce Morgon est une petite pépite qui s’impose d’un millésime à l’autre comme un « must » sur cette appellation…une constance qualitative remarquable !
Juliénas 2017 : nez assez discret, bouche assez légère avec une matière fluide et gouleyante, finale fraîche et bien glissante.
La dégustation se termine par une cuvée qui dénote un peu par son caractère assez réservé et sa bouche qui manque un peu de fond…mais après cette superbe série, je suis devenu probablement trop exigeant.
J’ai toujours autant de plaisir à rencontre cette famille vigneronne qui trace sa route avec enthousiasme et ambition dans ce vignoble qui recèle de plus en plus de belles adresses viniques.
Leur production suit une « ligne éditoriale » bien définie : une subtile alliance entre gourmandise fruitée, expression de terroir et parfaite buvabilité…bref, des crus du Beaujolais interprétés avec un classicisme tout à fait réjouissant. J’adore !
Hormis la cuvée de Juliénas 2017 que j’avais l’habitude de bien mieux goûter sur des millésimes précédents, la gamme actuelle du domaine des Marrans est d’une homogénéité qualitative remarquable (comme toujours d’ailleurs) : des cuvées régionales pleines de charme, un Chiroubles étonnant de puissance, un Morgon de grande classe et une série de Fleurie absolument splendide avec notamment la cuvée « Champagne » que j’ai découvert cette année et qui m’a vraiment impressionné par son expressivité et son élégance.
Merci à Jean-Jacques Mélinand pour son accueil.
Dernière vue avant de quitter le Beaujolais : les vignes de Fleurie et le Py de Morgon au loin avec son fameux chêne.
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