Mon 7° périple printanier dans les vignobles du sud s’annonce plus dense et plus riche que jamais grâce à un parcours qui va nous mener de la Côte Rôtie vers Sant Chinian avec de très belles étapes en Vallée du Rhône et en Languedoc.
Fallait bien ça pour fêter dignement la fin de mon premier septennat au pays de la syrah et du grenache !
Magnifique panorama sur le paysage saint-chignanais et le village de Roquebrun
Pendant le voyage aller, ma halte habituelle dans les Côtes du Rhône septentrionales se fera à Chavanay pour une deuxième visite au domaine Pichon.
La journée suivante sera consacrée à un « Périple autour des Dentelles » en compagnie de Cyril l’ardèchois avec des visites au domaine Richaud, à La Ferme Saint Martin et au domaine de Fontavin.
La troisième journée me conduira dans le saint chinianais où mon guide local, l’irremplaçable Dany, a imaginé un programme plein de nouveautés : on commence par la découverte du domaine La Grange Léon à Berlou, on continue avec une visite de la nouvelle cave du domaine La Madura et on termine à Saint Chinian par une dégustation des vin du domaine Mas Champart…va falloir s’accrocher !
Le dernier jour en terre languedocienne me conduira sur les hauteurs deSaint Pargoire pour une rencontre inoubliable avec Marlène Soria.
Hoppla, c’est parti !
Jour 3 : domaine du Mas Champart à Saint Chinian
Pour notre dernière étape de la journée nous sommes attendus au Mas Champart un domaine crée par Isabelle et Matthieu Champart il y a près de 40 ans.
Après les terroirs de schistes du matin nous partons à la rencontre d’un vigneron qui travaille des vignes plantées sur des coteaux argilo-calcaires sitiés sous les falaises calcaires qui dominent Saint Chinian.
En route vers le Mas Champart.
Une jeune vigne du domaine dans le vallon devant maison des Champart
Installés à Saint Chinian depuis 1976, Isabelle et Matthieu Champart exploitent une vingtaine de parcelles de vignes d’une superficie totale de 16 hectares.
La plupart des vignes est en culture biologique, les sols sont travaillés et régénérés par des composts et des engrais verts. Les rendements sont contrôlés par une taille courte et des travaux en vert au printemps
La Maison des Champart au dessus d’une vieille vigne complantée…
…avec de vieux ceps d’aramon qui ont sorti leurs premières feuilles.
Les vendanges sont manuelles et les raisins partent vers la cave après un tri sévère avant d’être vinifiés dans des cuves en béton ou en acier émaillé.
Tous les jus fermentent sous l’effet exclusif des levures indigènes et le soufre est utilisé avec parcimonie.
Le cuvier du Mas Champart avec des cuves en acier et en béton.
L’élevage des cuvées haut de gamme du domaine (Causse du Bousquet et Clos de la Simonette) se fait dans le chai semi-enterré construit en 1995 « la syrah est élevée en barriques, les grenaches et les mourvèdres dans des fûts plus grands, de 500 ou de 600 litres ».
La cave d’élevage du Mas Champart
Les vins sont mis en bouteille sans filtration ou avec une filtration très légère. La gamme proposées par Isabelle et Matthieu Champart compte 7 références : 1 rosé, 2 blancs et 4 rouges…et si nous allions goûter tout ça ensemble !
Dégustation en compagnie de Matthieu Champart
Saint Chinian Blanc 2014 : olfaction complexe, palette florale raffinée complétée par des notes de pêche blance et de craie, bouche suave et délicate, acidité souple, finale fraîche et légère, nuances minérales naissantes.
(25% Marsanne + 25% roussanne + 20% grenache blanc + 15% bourboulenc + 10% clairette + 5% viognier)
Vinifié et élevé pour 50% en cuve et 50% en fûts, ce joli vin blanc réalisé à partir d’un assemblage de cépages typiques du sud, commence à s’exprimer de façon très agréable avec une aromatique séduisante et un équilibre frais et digeste en bouche. Malgré mes réticences face aux blancs sudistes j’avoue que je suis sous le charme…
VDP d’Oc Blanc 2014 : nez expressif et évolutif, registre complexe avec un caractère floral et fruité, fine touche d’élevage, bouche onctueuse avec un joli gras et un équilibre assez riche, finale rafraîchie par une présence minérale intense, tactile et salivante.
(70% terret + 30% grenache gris)
Réalisée à partir d’un assemblage de deux cépages historiques du Languedoc cette cuvée est un pur régal. Le terret né sur une une vigne largement centenaire (110 ans) et vendangée tardivement – « le terret est rentré en dernier, tout à la fin des vendanges » – apporte la chair et la gourmandise. Le grenache gris est récolté très tôt – « nous commençons nos vendanges en coupant les grenaches gris » – pour assurer la structure et la trame minérale de cette cuvée.
Il y a de l’expressivité, de la générosité mais jamais de lourdeur…Quel beau vin !
Saint Chinian Rosé 2012 : nez d’une complexité étonnante, il y a du fruit, des épices et quelques évocations minérales, bouche vineuse et fruitée, belle structure (surtout pour un rosé…), finale très aérienne mais longue persistance aromatique.
(mourvèdre dominant + cinsault)
La force de caractère du mourvèdre marque l’identité de ce rosé qui montre une vraie personnalité…voilà un vin qu’on a envie de confronter à quelques plats méridionaux comme le rouget grillé ou la bouillabaisse. MIAM !
Saint Chinian Côte d’Arbo 2014 : olfaction séduisante, notes de fruits rouges et d’épices douces, matière vineuse et gourmande tenue par une acidité large, finale nette et très sapide.
(35% grenache + 30% syrah + 25% carignan/cinsault + 10 mourvèdre)
Né sur des coteaux argilo-calcaires riches en marnes bariolées du Trias, ce premier vin rouge du domaine nous invite dans l’univers esthétique des Champart : accessibilité, authenticité, équilibre et parfaite sapidité…vivement la suite !
Saint Chinian Causse du Bousquet 2013 : olfaction fraîche et fruitée, notes florales très élégantes après oxygénation, assez massif en bouche, grande concentration mais équilibre bien droit, finale racée et intensément minérale.
(74% syrah + 10% carignan + 6% mourvèdre + 6% grenache + 4% cinsault)
Les vignes du Causse du Bousquet sont plantées sur des coteaux calcaires escarpés où les rendements sont naturellement très faibles.
Réalisée à partir d’une vendange égrappée cette cuvée élevée pour partie en pièces bourguignonnes (65%) se livre avec une grande spontanéité aujourd’hui mais n’en reste pas moins un vrai vin de garde.
Voilà une belle bouteille à savourer tout de suite où à laisser se bonifier en cave…que demander de plus !
Saint Chinian Clos de la Simonette 2013 : nez discret, palette raffinée et très complexe, matière pleine et charnue, équilibre assez fougueux, présence minérale très puissante, finale bien aromatique sur les fruits rouges et les épices.
(65% mourvèdre + 20% grenache + 15% carignan)
La présence dominante du mourvèdre signe l’originalité de la cuvée haut de gamme du domaine qui impressionne par son énergie vitale et sa profondeur.
Même s’il est déjà tout à fait agréable à boire aujourd’hui, ce grand vin mérite encore quelques années de garde pour affiner sa matière et donner la pleine mesure de sa richesse aromatique...on en reparle dans 2 ou 3 ans, ça va déménager !
Juste à côté de la maison des Champart, la parcelle de mourvèdres qui entrent dans l'assemblage du Clos de la Simonette
Pour terminer cette dégustation, Matthieu Champart se rend dans la réserve du domaine et nous invite à déguster deux vins plus âgés :
VDP d’OC 2000 : nez assez évolué, notes de poivron mûr et nuances tertiaires, bouche bien en place, longiligne et élégante, finale légère.
(cabernet franc + syrah)
VDP d’OC 1999 : nez de cabernet bien mûr (poivron grillé), fine touche fumée, bouche bien charnue avec un soupçon d’oxydation, finale franche et bien nette.
(cabernet franc + syrah)
Les deux bouteilles d’âge vénérable – plus de 15 ans quand même – se tiennent encore remarquablement bien aujourd’hui et imposent le respect tout en se laissant boire avec un réel plaisir. Matthieu Champart semble un peu déçu – il les attendait à un meilleur niveau – en ce qui me concerne, je suis épaté !!!
Cela fait quelques années que l’ami Dany projetait de me faire connaître les vignerons et les vins du Mas Champart…c’est chose faite et bien faite aujourd’hui !
Ce domaine historique de l’appellation qui fait naître de très grands vins sur les terrasses calcaires près de Saint Chinian est évidemment un point de passage obligé pour tout oenophile désireux de parfaire sa culture vinique languedocienne.
Matthieu Champart est un vigneron comme je les aime : exigeant dans son travail et soucieux de son environnement, il connaît parfaitement ses vins mais écoute avec beaucoup d’humilité les avis des amateurs qui ont le privilège de les déguster en sa compagnie.
La nouvelle extension des bâtiments professionnels va permettre de créer un nouvel espace de dégustation et du volume de stockage supplémentaire.
Après avoir goûté l’ensemble de la gamme du domaine, mon verdict personnel est sans appel : ces vins sont absolument délicieux !
Très classiques dans leurs expressions et leurs structures, ils brillent par leur finesse et leur élégance et nous font sentir ce caractère raffiné unique que l’on retrouve chez tous les grands vins nés sur des terroirs calcaires.
Avec un Côte d’Arbo déjà irrésistible, un Causse du Bousquet et un Clos de la Simonette qui sont de vraies pépites à encaver d’urgence et un blanc du Pays d’Oc sublime...voilà une pluie de coups de cœur pour finir en beauté ma visite dans le saint-chinianais.
Mille mercis à Matthieu Champart pour son accueil.
Soleil couchant sur le vallon au pied du Mas Champart...
...et une dernière vue sur Saint Chinian avant de repartir vers de nouvelles aventures.
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