Comme je n’ai pas pu effectuer mon traditionnel pèlerinage estival en terre burgonde, j’ai décidé de profiter de mes congés d’automne pour programmer ce séjour prolongé qui va me faire voyager de la Côte de Nuits au Mont Brouilly.
Lors de la première journée de cette longue tournée oenophile j’ai prévu 3 visites : le domaine Castagnier à Morey-Saint Denis, le domaine Gros Frère&Sœur à Vosne Romanée et le domaine Chicotot à Nuits Saint Georges.
Pour les deux jours suivants je serai rejoint par mes vieux compères, Jean-Claude et Jean-Luc – ceux là même qui m’avaient accompagné l’année passée – pour une virée dans les vignobles du Beaujolais, du Mâconnais et de la Côte Châlonnaise avec 5 étapes viniques au programme : le domaine Burgaud à Morgon, le Château Thivin à Odenas, le domaine René Michel à Clessé, La Soufrandière à Vinzelles et le domaine Tatraux à Givry.
Le dernier jour verra mon retour en Bourgogne avec 3 visites en Côte de Beaune : le domaine Carillon à Puligny-Montrachet, le domaine Buisson-Charles à Meursault et le domaine Christophe Vaudoisey à Volnay.
Hoppla, c’est parti !
La montagne sacrée de la Côte de Beaune parée des couleurs flamboyantes de l'automne
Jour 4. : visite au domaine Buisson-Charles à Meursault
Dans la série « j’ai des conduites addictives mais je ne me soigne pas », après une visite chez François Carillon, j’ai rendez-vous avec l’ami Patrick Essa et vérifier si les vins du domaine Buisson-Charles de goûtent toujours aussi bien.
Meursault et ses vignes aux couleurs de l’automne.
Après un petit déjeuner au Puligny, voici venue l’heure de prendre l’apéritif à Meursault…même pas peur !
La voûte centrale de la cave de la cave Buisson-Charles
Je suis accueilli par Michel Buisson et le couple Essa et comme d’habitude nous commençons par parler de l’année écoulée, avec les évènements qui ont marqué nos vies professionnelles et familiales avant de rentrer dans le vif du sujet et évoquer les derniers millésimes à Meursault.
Pour avoir des informations détaillées sur ce sujet je ne peux que vous inviter à visiter le blog de Patrick où vous trouverez des descriptions remarquables des derniers millésimes bourguignons…la parole est au maestro : CLIC.
Les pièces contenant les grandes cuvées 2016...
...qui fermentent encore allègrement.
Pour la suite de la visite nous descendons le grand escalier qui nous conduit sous les voûtes de la cave du domaine pour quelques exercices pratiques avec un verre à la main et face à une impressionnante rangée de demi-bouteilles.
C’est parti pour un tour d’horizon complet de la gamme du domaine Buisson-Charles !
Maître Patrick prêt à décaniller de la boutanche
Aligoté Sous le Chemin : nez ouvert et précis, expression fruitée très gourmande, matière svelte, équilibre frais, finale très appétante.
Bourgogne Hautes Coutures : nez séduisant et expressif, notes de fruits blancs mûrs et de miel d’acacia, grande suavité en bouche, finale fraîche et élancée.
Avec leur équilibre précis et leurs expressions aromatiques très séduisantes, les deux cuvées d’entrée de gamme du domaine Buisson-Charles témoignent du haut niveau d’exigence qui caractérise le travail de ces vignerons. Double MIAM !
Meursault Vieilles Vignes : nez discret qui laisse entrevoir une palette bien complexe, matière dense et volumineuse en bouche, finale qui s’étire en laissant une belle sensation de fraîcheur minérale.
Meursault Tessons : nez plus ouvert qui s’exprime sur le même registre que le « Vieilles Vignes », matière très gourmande, acidité souple, belle allonge en finale avec une salinité bien marquée.
Tiré sur une cuve contenant le vin provenant des Pellans, le Meursault Vieilles Vignes commence à esquisser son caractère minéral alors que Tessons bouscule un peu les codes en montrant une gourmandise tout à fait inhabituelle à ce stade.
En tous cas, ces deux premiers Meursault sont au niveau attendu et présentent des équilibres parfaitement balancés en bouche…voilà deux vins qui prouvent que les choix de Patrick en termes de date de vendange en 2015 ont été tout à fait pertinents. Chapeau !
Chablis 1°Cru Les Lys : nez franchement minéral avec des notes de craie et de fines nuances d’embruns iodés, équilibre droit, matière longiligne, petit grip tannique très stimulant, finale marquée par une belle salinité.
Chablis Grand Cru Vaudésir : nez fin avec des nuances florales déjà bien définies, matière dense avec une vraie profondeur minérale, finale saline avec un sillage très noble sur la poudre de craie.
D’année en année, les deux invités chablisiens trouvent leur place dans la cave Buisson-Charles en affirmant leur identité avec de plus en plus de force.
Pour le 1° Cru comme pour le Grand Cru Patrick a réussi à apporter la finesse des élevages murisaltiens tout en préservant cette incomparable touche saline/minérale qui fait le caractère des grands chablis. Joli travail !
Chassagne Montrachet 1°Cru En Remilly : nez discret avec une palette florale et minérale très délicate, matière suave, silhouette élégante en bouche, finale fraîche et tendue.
Chassagne Montrachet 1°Cru La Romanée : nez vif et complexe, attaque sur la groseille blanche bien mûre, développement aromatique avec de fines nuances exotiques, matière bien rectiligne en bouche, finale droite avec une minéralité sensible et une touche boisée très raffinée.
Chassagne Montrachet 1°Cru Caillerets : nez pur et avenant, palette complexe, notes de zeste d’agrumes et de pêche blanche avec de discrètes évocations pierreuses, matière allongée et solidement tenue par une acidité qui file droit, finale bien en place avec une minéralité très présente.
Brillants d’élégance et de finesse, les trois Chassagne dégustés en cette fin de matinée se sont montrés particulièrement sociables tout en révélant des charpentes acides/salines de très belle facture.
A l’heure actuelle c’est le vin des Caillerets qui semble le plus complet mais j’ai l’impression que les deux autres premiers crus sont encore très loin d’avoir atteint leur forme optimale.
Puligny Montrachet 1°Cru Caillerets : nez fin et précis, arômes de citron vert, de fougère et de pierre chaude, racé et vineux en bouche avec un équilibre très frais et un petit grip tannique qui donne un côté très sapide à la finale.
Ce Cailleret version Puligny montre encore plus de plénitude et de force que son homonyme de Chassagne pourtant très en verve ce matin.
2015 est le troisième millésime de cette cuvée que je déguste chez Patrick et j’ai bien l’impression que c’est la plus aboutie. MIAM !
Meursault 1° Cru Les Cras : belle intensité aromatique, notes d’amande fraîche sur un fond zesté, bouche puissante avec une matière concentrée organisée autour d’un squelette acide/salin très solide, finale tendue avec des amers minéraux très racés.
Meursault 1° Cru Charmes : nez raffiné, palette florale (acacia) soutenue par une fine touche citronnée, silhouette longiligne très élégante en bouche, finale étirée par une acidité longue et vivifiante.
Meursault 1° Cru Bouches Chères : nez d’une pureté exceptionnelle qui évoque l’eau de roche, fines nuances florales qui se révèlent à l’aération, matière ample tenue par une salinité intense, finale sapide, sillage très minéral (notes pierreuses).
Meursault 1° Cru Goutte d’Or : nez discret et complexe, nuances exotiques et notes d’herbes aromatiques en fond, matière concentrée, acidité qui file droit et salinité particulièrement intense, finale longue et parfaitement sapide.
Comme chaque année le bouquet final de la dégustation est assuré par les quatre premiers crus murisaltiens du domaine Buisson-Charles et comme chaque année ils tiennent leur rang avec une facilité déconcertante : vendangée le 14 septembre, la cuvée des Cras étonne par son exceptionnelle structure minérale, Charmes joue avec brio sa partition habituelle sur la finesse et la séduction, Bouches Chères et Goutte d’Or sont remarquables de pureté et d’équilibre.
Heureux ceux qui pourront encaver quelques flacons de ce carré magique !!!
L’édition 2014 du trio magique du domaine Buisson-Charles
Corton Charlemagne : nez discret et complexe, notes exotiques assez riches, nuances pierreuse en fond, matière épaisse et massive qui dégage une vraie impression de puissance, acidité solide qui tire le vin vers une finale très longue où on perçoit une légère présence tannique.
Le Grand Cru beaunois de la gamme Buisson-Charles assume son statut en succédant sans démériter à un somptueux quatuor de premiers crus de Meursault.
Avec sa silhouette athlétique mais bien dessinée et son ossature minérale très solide ce Corton-Charlemagne affirme sa personnalité de grand vin de garde.
Pour finir ce beau tour de cave, Patrick me propose de déguster les 3 cuvées de pinot noir encore en cours d’élevage :
Bourgogne : nez ouvert et expressif, arômes très précis de petits fruits rouges frais (framboise, fraise de bois), matière vineuse et consistante en bouche, mâche tannique gourmande, finale élancée et sapide.
Cette cuvée générique parfaitement vinifiée confirme que 2015 sera un millésime béni pour ce cépage : plein, charnu et profondément fruité…du bonheur à l’état pur !
Pommard En Chiveau : nez sur les fruits rouges frais avec une touche minérale qui commence à se faire sentir (notes de terre glaise), matière bien musclée tendue par une acidité très franche, tannins présents mais bien lisses, finale longue et aromatique, rétro-olfaction fruitée et minérale.
Issu d’une parcelle située dans la combe de Pommard (en face de ) ce vin est un vrai séducteur qui sait allier virilité et douceur avec une belle élégance. MIAM !
Volnay 1° Cru Santenots : nez subtil, complexe et très raffiné, palette fruitée (petits fruits noirs) et florale, matière épaisse et concentrée, texture sensuelle, équilibre parfait, finale précise et très étirée, retour aromatique intense et d’une longueur exceptionnelle.
C’est le vin dont Patrick est particulièrement fier cette année : « C’est le plus grand vin que j’ai fait en 2015 »...et quand on connaît le niveau de la concurrence dans la cave Buisson-Charles on peut se faire une idée de la qualité de ce Volnay.
La dégustation de cette cuvée sur fûts révèle effectivement un vin avec une personnalité hors norme et un potentiel vraiment impressionnant…Waouhhh !!!
Pépites !!!
Il y a une dizaine d’années j’ai appris à connaître Patrick Essa à travers son site – le regretté « degustateurs.com » – et ses écrits brillantissimes sur le vignoble bourguignon mais très rapidement j’ai eu envie d’aller voir si ce « jeune » vigneron qui parlait si bien de vin savait également le faire.
Dès ma première visite en compagnie de Michel Buisson, je suis tombé sous le charme des meursaults de ce domaine et c’est ainsi que la maison Buisson-Charles est devenue une adresse incontournable de mes pèlerinages en Bourgogne.
L’âge venant Michel Buisson a pris du recul en laissant progressivement les rênes du domaine entre les mains de Catherine et Patric Essa.
Aujourd’hui, la gamme du domaine s’est étoffée – grâce à une activité de négoce initiée par Patrick – mais la qualité des vins produits est toujours au top avec un style qui a un peu changé pour gagner encore un peu en finesse et en pureté.
Les vins du millésime 2015 sont sublimes et confirment la pertinence du choix de Patrick de ne pas vendanger trop tôt : les rouges sont exceptionnels – sûrement les meilleurs que j’ai goûté au domaine – et les blancs sont riches mais parfaitement équilibrés par des associations acidité/minéralité solides et structurantes.
Dans cette année sèche et caniculaire, Patrick a choisi de faire confiance à ses vignes et à ses terroirs…et il a eu bien raison !
Dans cette pléthore de belles cuvées le choix d’un coup de cœur est pratiquement impossible et plutôt que de faire une évaluation « Ecole des Fans » et de distribuer des 10/10 à toutes, je vais citer quelques vins qui m’ont marqué cette année :
- le Volnay Santenots pour sa plénitude absolue
- le Puligny Caillerets que j’ai trouvé vraiment exceptionnel…et pourtant je sortais de chez François Carillon !
- le quatuor de premiers crus de meursault qui, une fois encore, ont brillé plus fort que tous les autres grands vins de la gamme Buisson-Charles.
Merci à Catherine, Patrick et Michel pour leur accueil.
Commentaires
1 Christian BETOURNE Le 31/12/2016
2 Patrick Essa Le 30/12/2016
Patrick