Promenade vinique le long de la Loire - Visite chez Benoît Lalanne à Faye-d'Anjou

    
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La Loire et le château de Saumur : une région bénie pour les amateurs d’art, d’histoire et de vin.

En 2022 je me disais que malgré ma dilection pour les grandes cuvées de chenins ligériens, je n’avais encore jamais pris le temps de visiter ce vignoble…voilà une situation à laquelle il faillait remédier de toute urgence.
Et c’est ainsi que 3 années plus tard, je vais entreprendre ma troisième escapade sur les bords de Loire après un séjour en solo en
2022 et un séjour avec un groupe d’œnophiles en 2024.
Organisé par mes amis cavistes de La Vinoterie ce séjour de 4 jours nous mènera de la Touraine jusqu’au pays du muscadet avec un programme de visites très dense, qui nous permettra découvrir 9 domaines : le domaine de Gaubourg à Sainte-Melaine-sur-Aubance, le domaine Benoît Lalanne à Faye-d’Anjou, le domaine Théo Blet à Courchamps, le domaine de la Renière à Le-Puy-Notre-Dame, le domaine Thomas Batardière à Rablay-sur-Layon, au domaine Vallée Moray à Montlouis-sur-Loire, au Clos Naudin à Vouvray, chez Michel Autran à Noizay et au domaine Jean-Baptiste Hardy à Mouzillon.
Hoppla, c’est parti !


Visite chez Benoît Lalanne à Faye-d'Anjou

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La seconde visite de ce dimanche après-midi va nous conduire chez Benoît Lalanne, un autre néo-vigneron établi à Faye-d’Anjou où il exploite des parcelles de vignes sur des terroirs réputés comme « Les Noëls de Montbenault » et « Les Quarts des Noëls ».
Voilà une autre rencontre qui s’annonce tout à fait passionnante.

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Benoît Lalanne nous accueille dans son chai.

Benoît Lalanne a débuté sa vie professionnelle en tant que biologiste médical mais il a décidé de s’engager dans une nouvelle voie parce qu’il n’a pas aimé la manière dont son métier a évolué.
Son intérêt pour le vin – en tant que dégustateur amateur – et l’envie de s’orienter vers des pratiques plus proches de la terre, ont conduit Benoît à entreprendre une formation en viti-oeno auprès de l’Institut Agro de Dijon qui proposait des cours en distanciel.
Pour effectuer ses stages il a sollicité les vignerons qu’il avait appris à connaître par lors des séances de dégustations et c’est ainsi qu’il a obtenu une réponse favorable de Richard Leroy « qui n’avait pas pour habitude de recevoir des stagiaires mais qui avait été intéressé par mon profil un peu atypique et ma passion pour le vin ».
En 2019 « année difficile à cause du gel », Benoît effectue un premier stage chez Richard Leroy suivi par un second stage au domaine Belarus durant l’année 2020.
Après l’obtention de son B.T.S., il revient travailler chez Richard Leroy et en 2021, encouragé par son mentor, il achète ses premières parcelles sur Montbenault.
Le domaine de Benoît Lalanne était né.

Aujourd’hui, ce néo-vigneron dispose de deux parcelles sur le terroir des « Noëls de Montbenault » (une jeune vigne et une vieille vigne) et de deux parcelles sur les « Quarts des Noëls » (une parcelle plantée en 1964 et une parcelle plantée en 1962).
Les vignes des « Noëls de Montbenault » sont plantées sur un sol de rhyolite, une roche volcanique assez claire, riche en quartz.
Le sol des « Quarts des Noëls » est un peu plus argileux mais riche en quartz.

Benoît travaille ses vignes en biodynamie en cherchant à limiter drastiquement les rendements par une taille et un ébourgeonnage sévères : « il me faut au maximum 10 à 12 grappes par pied ».
Les vendanges sont manuelles avec une recherche de « maturité sur le fil pour éviter l’apparition du botrytis ».
Les raisins sont pressés, le débourbage dure le temps d’une nuit et les jus démarrent leur phase de fermentation en cuve « et quand la dynamique de fermentation est bonne, on entonne ».

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Le pressoir et les cuves inox du domaine

Les vins sont élevés sur lies en barriques durant 12 mois, puis mis en masse en cuve pour 8 mois supplémentaires.

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Les fûts où s’affinent les jus de 2024 avec les « les Noëls de Montbenault » à gauche et « Les Quarts des Noël » à droite

Nous démarrons notre dégustation par les vins de 2024 en cours d’élevage en fûts : « un millésime compliqué à la vigne avec l’obligation de multiplier les traitements pour juguler les attaques de mildiou ».

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Benoît qui nous présente les vins de 2024 tirés sur fût

Pour nous présenter la future cuvée des « Noëls de Montbenault » 2024, Benoît nous propose de déguster des vins prélevés sur 4 fûts différents : ce sont des jus amples et gourmands avec un très joli gras, structurés par une acidité large et vibrante, un peu « électrique » sur certains fûts et stimulés par une présence saline qui persiste longuement en finale.

Pour nous présenter la future cuvée des « Quarts des Noëls » 2024, Benoît nous propose de déguster un vin prélevé sur un fût ancien et un vin prélevé sur un fût neuf.
Sur le fût ancien le vin semble déjà bien en place avec une aromatique élégante sur les fruits blancs et le miel, une matière généreuse et solidement tendue, une acidité qui pulse et fait saliver en finale
Sur le fût neuf, le nez est plus discret avec un fruité plus discret accompagné par de fines touches mentholées, une bouche juteuse, dense et légèrement granuleuse, une finale fraîche mais un peu « planchue ».

Nous poursuivons notre dégustation par les vins de 2023 en cours d’élevage en masse dans des cuves inox : « un millésime qui s’annonçait très bien mais des orages récurrents qui ont arrosé le vignoble du Layon fin août, nous ont fait perdre une partie de la récolte ».
L’humidité et la chaleur ont provoqué le développement de pourriture acétique ainsi que des attaques de drosophiles : « les vendanges ont été frustrantes car on a été obligés de jeter beaucoup de raisin ».

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Les deux vins de 2023 en masse dans deux cuves inox.

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Dégustation des 2023 prélevés sur cuve

« Les Quarts des Noëls » 2023 : le nez se montre plus discret tout en laissant deviner une complexité aromatique prometteuse, en bouche l’attaque est vive, presque cinglante, le centre est large et assez consistant avec un léger grip tannique et une salinité qui s’impose progressivement en donnant beaucoup d’énergie à la finale qui laisse persister longuement de belles notes fruitées/épicées et mentholées.

« Les Noëls de Montbenault » 2023 : le nez est ouvert et très flatteur avec des notes de fruits blancs bien mûrs accompagnées par de fines nuances exotiques sur un fond boisé/vanillé très « classieux » (1/3 de fûts neufs sur cette cuvée), la bouche est percutante avec un jus concentré, structuré par une maille acide/saline très solide, la finale longue et sapide laisse persister de beaux aromes d’ananas frais et d’épices douces.

VDF Les Noëls de Montbenault 2022 : le nez est très expressif avec des notes de poudre à canon et de fruits blancs frais soutenues par des nuances d’autolyse très élégantes, la bouche très puissante développe un jus généreux, intensément aromatique, équilibré par une acidité mûre et une salinité marquée, la finale fraîche et appétante est marquée par un beau retour fruité/épicé et des amers nobles.
(100% chenin – terroir : limons sableux sur schiste gris)

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Benoît n’a plus de bouteilles de 2022 disponibles à la vente à l’heure actuelle mais nous avons eu la chance de goûter un « produit fini » avec ce superbe « Noëls de Montbenault » 2022 qui confirme pleinement les belles sensations ressenties lors de la dégustation des vins en cours d’élevage. MIAMMMM!


Notre première journée se termine de très belle façon avec la rencontre d’un vigneron passionné et passionnant, qui produit deux magnifiques cuvées de chenin.

Benoît Lalanne a su profiter de l’expérience et de l’expertise de Richard Leroy, pour développer une connaissance approfondie de ces grands terroirs du Layon.
A la vigne comme en cave il met en œuvre des méthodes de travail qui lui permettent d’élaborer des vins purs et précis, empreints d’une profonde minéralité.

J’ai beaucoup apprécié le temps passé avec ce vigneron sincère et profondément humain et j’ai aimé goûter ses vins dont on perçoit le message du terroir dès leur plus jeune âge…bref, voilà un domaine que je vais essayer de suivre de très près dans les années à venir.

Merci à Benoît Lalanne pour son accueil.

 

 

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