Promenade vinique le long de la Loire - Visite chez Jean-Baptiste Hardy à Mouzillon

    
       
La Loire et le château de Saumur : une région bénie pour les amateurs d’art, d’histoire et de vin.

En 2022 je me disais que malgré ma dilection pour les grandes cuvées de chenins ligériens, je n’avais encore jamais pris le temps de visiter ce vignoble…voilà une situation à laquelle il faillait remédier de toute urgence.
Et c’est ainsi que 3 années plus tard, je vais entreprendre ma troisième escapade sur les bords de Loire après un séjour en solo en 2022 et un séjour avec un groupe d’œnophiles en 2024.
Organisé par mes amis cavistes de La Vinoterie ce séjour de 4 jours nous mènera de la Touraine jusqu’au pays du muscadet avec un programme de visites très dense, qui nous permettra découvrir 9 domaines : le domaine de Gaubourg à Sainte-Melaine-sur-Aubance, le domaine Benoît Lalanne à Faye-d’Anjou, le domaine Théo Blet à Courchamps, le domaine de la Renière à Le-Puy-Notre-Dame, le domaine Thomas Batardière à Rablay-sur-Layon, au domaine Vallée Moray à Montlouis-sur-Loire, au Clos Naudin à Vouvray, chez Michel Autran à Noizay et au domaine Jean-Baptiste Hardy à Mouzillon.
Hoppla, c’est parti !

Visite chez Jean-Baptiste Hardy à Mouzillon

Notre dernière halte vigneronne va nous obliger à faire un petit détour sur la route vers l’aéroport de Nantes pour une petite incartade dans le vignoble du muscadet où nous avons rendez-vous avec Jean-Baptiste Hardy, un jeune vigneron talentueux qui a rejoint le domaine familial pour y créer sa propre unité de production et élaborer ses propres cuvées tout en continuant à gérer la gamme de vins du domaine de la Grange en compagnie de son père…une ultime rencontre qui s’annonce également très intéressante !

Après avoir « fait ses armes » en Nouvelle-Zélande, en Australie et en Californie et chez quelques vignerons bourguignons très réputés (Roulot et Leflaive), Jean-Baptiste Hardy est revenu à Mouzillon pour reprendre le domaine familial et sortir le premier millésime sous son nom en 2020.

Sur la trentaine d’hectares que compte cette exploitation, Jean-Baptiste a choisi de produire 10 hectares sous son nom tout en perpétuant une production plus traditionnelle de muscadets sur 20 hectares.

  
Le caveau de dégustation du domaine et une petite carte pour situer les différents terroirs du muscadet

Jean-Baptiste conduit ses vignes en BIO avec « des sols travaillés superficiellement et des traitements avec des produits de contact ».

En cave, il est très peu interventionniste « je me contente d’accompagner les vins ».
Les fermentations alcooliques se font sous l’action des levures indigènes et les fermentations malo-lactiques se déclenchent naturellement sur toutes les cuvées.
Ses élevages qui durent entre 12 et 18 mois dans des contenants variés : cuve, œuf béton, fûts de chêne et jarres.
Les vins sont ni collés, ni filtrés et mis en bouteilles avec peu ou pas de SO2.

A l’heure actuelle, il commercialise 6 cuvées sous son nom…allez, on goûte !

  
Débouchage et contrôle qualité par le vigneron…et c’est parti pour la dégustation

Les cuvées de 2023 que nous allons déguster sont issues d’un « super millésime tant au niveau de la quantité qu’au niveau de la qualité ».
Les jus se distinguaient par « de beaux équilibres naturels » et en cave « les fermentations se sont déroulées sans problèmes, en 3 semaines ».

Tous les vins ont été mis en bouteilles très récemment.

VDF Eclats 2023 : nez très discret mais d’une belle pureté avec une palette florale très élégante, bouche longiligne et bien tonique, finale très appétante avec une longueur saline et une présence minérale sensible.
(100% melon de Bourgogne – terroir : gabbro)
Issu d’un assemblage de raisins provenant de 3 parcelles plantées il y a une trentaine d’années, cette cuvée a été élevée durant 18 mois en cuve souterraine.
C’est un vin, fringant, très accessible et d’une gouleyance impeccable…voilà une dégustation qui commence très bien !

Muscadet Fief de Chaintré 2023 : nez discret avec des notes citronnées et pierreuses, bouche ample, dense et pleine d’énergie avec une texture légèrement granuleuse, finale fraîche et salivante avec une belle longueur minérale.
(100% melon de Bourgogne – terroir : limon + gabbro – exposé au nord)
Issue d’une vieille vigne plantée dans les années 60, cette cuvée a été élevée durant une année en fûts de 450 litres, en jarre et en œuf béton avant d’être mise en masse pour un affinage de 6 mois en cuve souterraine.
C’est un vin droit marqué par une belle présence minérale, encore très réservé sur le plan aromatique mais promis à un bel avenir.

Muscadet Clos de La Lozangère 2023 : nez également très discret mais qui laisse entrevoir une palette fruitée bien complexe, bouche volumineuse avec un jus consistant équilibré par une acidité mûre et une présence saline sensible, finale longue et sapide avec un sillage fruité et finement iodé.
(100% melon de Bourgogne – terroir : limon + sable + gabbro – exposé au sud)
Cette cuvée qui a été travaillée comme la précédente provient d’une parcelle plantée en 1950 et dont les raisins ont été récoltés à la fin des vendanges, nous propose une version du muscadet d’une gourmandise un peu inhabituelle mais avec un très beau niveau de buvabilité. MIAM !

VDF L’Aubier 2023 : nez expressif et complexe avec des notes d’agrumes frais sur un fond floral et miellé très élégant, bouche large avec un gras sensible et un toucher très onctueux, équilibre sec, finale longue et fraîche avec un sillage fruité et iodé.
(100% chardonnay – terroir : limon + gabbro)
Issue d’une parcelle de jeunes vignes (20 ans) située sur le ‘Fief de Chaintré), cette cuvée de chardonnay élevée en fûts de 600 litres et en jarre, se livre à la dégustation avec une spontanéité réjouissante tout en révélant un caractère très « muscadet » en finale.

VDF Le Petit Clos 2023 : nez sur les fruits rouges frais, bouche charnue et croquante vivifiée par une acidité assez cinglante, finale fruitée d’une parfaite gouleyance.
(100% gamay – terroir : limon + gabbro)
Réalisée à partir de gamays récoltés sur une vigne plantée en 1980, cette cuvée a été élevée en barriques et en jarres après une macération de 10 jours en grappes entières.
Pour son premier millésime sur cette parcelle, Jean-Baptiste a réussi à produire un très joli vin avec un fruité expressif et une belle buvabilité. Joli travail !

VDF Ponceau 2023 : nez très raffiné avec une palette complexe qui rappelle le style « bordelais », bouche puissante avec une chair dense et juteuse structurée par une acidité bien fraîche et une fine trame tannique, finale longue et sapide avec un beau sillage fruité/boisé/épicé.
(merlot + cabernet franc + cabernet sauvignon, égrappés à 100% – terroir : granit + argile)
Cette cuvée issue d’un assemblage qui évoque les vins de la rive droite bordelaise, s’exprime déjà avec beaucoup d’élégance et de classe…même si on peut supposer qu’elle est encore loin de sa phase de maturité optimale

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Cette ultime visite avant notre retour en Alsace nous a permis de rencontrer un jeune vigneron très prometteur qui a décidé d’isoler quelques parcelles très  qualitatives de son domaine familial pour y produire une gamme de vins de très haute tenue.

Avec une viticulture vertueuse, des vinifications précises et des élevages adaptés à chaque cuvée, Jean-Baptiste Hardy s’inscrit dans cette nouvelle génération de vignerons qui ont pris conscience de la valeur les grands terroirs du muscadet et qui travaillent dur pour les faire reconnaître par les amateurs de vins.
Les 4 cuvées de blancs sont remarquables de finesse tout en révélant des présences en bouche qui portent déjà les signatures de leurs terroirs d’origine…des vins déjà bien en place aujourd’hui mais qui se montreront certainement plus expressifs après quelques mois de plus en cave.

Les 2 cuvées de rouges qui complètent la gamme actuelle de ce jeune domaine, m’ont vraiment surpris par leur gourmandise et leur accessibilité...effet millésime ou effet du réchauffement climatique, la question se pose mais il n’en reste pas moins que ce sont de très belles bouteilles.

Merci à Jean-Baptiste Hardy pour son accueil.