Promenade vinique le long de la Loire - Visite au domaine Thomas Batardière

    
       
La Loire et le château de Saumur : une région bénie pour les amateurs d’art, d’histoire et de vin.

En 2022 je me disais que malgré ma dilection pour les grandes cuvées de chenins ligériens, je n’avais encore jamais pris le temps de visiter ce vignoble…voilà une situation à laquelle il faillait remédier de toute urgence.
Et c’est ainsi que 3 années plus tard, je vais entreprendre ma troisième escapade sur les bords de Loire après un séjour en solo en 2022 et un séjour avec un groupe d’œnophiles en 2024.
Organisé par mes amis cavistes de La Vinoterie ce séjour de 4 jours nous mènera de la Touraine jusqu’au pays du muscadet avec un programme de visites très dense, qui nous permettra découvrir 9 domaines : le domaine de Gaubourg à Sainte-Melaine-sur-Aubance, le domaine Benoît Lalanne à Faye-d’Anjou, le domaine Théo Blet à Courchamps, le domaine de la Renière à Le-Puy-Notre-Dame, le domaine Thomas Batardière à Rablay-sur-Layon, au domaine Vallée Moray à Montlouis-sur-Loire, au Clos Naudin à Vouvray, chez Michel Autran à Noizay et au domaine Jean-Baptiste Hardy à Mouzillon.
Hoppla, c’est parti !

Visite chez Thomas Batardière à Rablay-sur-Layon

La dernière étape de cette seconde journée dans les pays de Loire va nous mener du côté du Rablay-sur-Layon pour rencontrer Thomas Batardière, un vigneron que les cavistes de La Vinoterie connaissent déjà puisqu’ils commercialisent ses vins depuis plusieurs millésimes.
Comme j’avais déjà croisé l’une ou l’autre de ces bouteilles aux étiquettes très énigmatiques lors de dégustations, j’étais curieux d’en apprendre un peu plus sur ce vigneron qui produit des vins de très belle facture sur ces terroirs réputés des coteaux du Layon.

Après une formation de 3 années auprès de Mathieu Vallée – le propriétaire du château Yvonne que j’ai visité l’année passée – Thomas Batardière s’est installé dans son village natal en 2012 pour y créer sa propre exploitation.

Soucieux de conserver son statut d’artisan-vigneron, il exploite aujourd’hui 4 hectares de vignes répartis sur plusieurs parcelles plantées sur les coteaux schisteux autour du village.
Les vignes sont cultivées en biodynamie (certification Demeter en 2015) et suivies de très près jusqu’à la vendange : « le terroir est compliqué et le chenin demande beaucoup d’attention et de travail…c’est un cépage à manier avec précaution et doigté ».

En cave, Thomas suit ses vins avec un minimum d’interventions : « le chenin est compliqué à la vigne mais facile en cave ».

Après un débourbage léger, les jus sont mis en cuve et lorsque la fermentation alcoolique a bien démarré, ils sont entonnés dans des foudres ou dans des fûts.
Normalement, Thomas élabore ses vins sans utilisation de SO2 mais il ne s’interdit pas un sulfitage précoce (avec du soufre volcanique) en cas de montée de volatile, mais il ne mettra jamais de sulfites à la mise.
Les espaces de travail plus hauts de sa nouvelle cave lui ont permis d’installer des cuvées de 32 hl pour les affinages en masse de ses cuvées, et des foudres « qui vont remplacer peu à peu les barriques ».

La nouvelle cave de Thomas Batardière…


…avec des foudres qui contiennent les vins de 2024.


Le stockage bouteilles où nous allons pouvoir déguster quelques cuvées du domaine.    


On avine les verres et c’est parti pour la dégustation

Thomas nous propose de découvrir quelques cuvées du millésime 2023 : « un millésime chaud et sec jusqu’en septembre où des orages successifs ont provoque le développement de la pourriture acétique dans les vignes »…il fallait vendanger vite et trier avec beaucoup de soin.

VDF Esprit Libre 2023 : nez pur et discret avec des notes de fleurs blanches sur un fond minéral sensible, bouche franche et juteuse avec un équilibre bien sec assuré par une acidité mûre et large, finale sapide avec longueur citronnée très salivante.
(terroir : sables froids et limons bien drainants sur socle de schistes)
Réalisée à partir d’un assemblage de chenins issus de 3 parcelles d’âge différent (plantées en 1971, 1982 et 2003), cette cuvée encore sur la retenue au niveau aromatique, révèle un caractère droit et racé en bouche. Prometteur !

VDF Le Grand Clos 2023 : nez discret qui laisse deviner de belles nuances minérales (pierre à fusil), bouche vive et droite tenue par une acidité vibrante et stimulée par un léger grip tannique, finale fraîche mais un peu courte.
(élevage : sols très pauvres sur schistes)
Le deuxième vin proposé à la dégustation est issu d’une parcelle de chenins reprise très récemment par Thomas – « c’est ma première récolte sur cette vigne » – a laissé une belle impression de fraîcheur et de buvabilité…mais je pense que cette cuvée n’est pas encore en mesure d’exprimer tout le potentiel de son terroir. A suivre de près dans les futurs millésimes.

VDF Les Cocus 2023 : nez très raffiné avec une palette florale encore un peu discrète, bouche volumineuse avec une attaque franche et une matière ample, dense et légèrement grenue soutenue par une trame acide/saline bien tressée, finale longue et salivante relevée par de fins amers minéraux.
(terroir : sols très pauvres sur schistes bleus et verts très durs et phtanites)
Cette cuvée au nom un peu équivoque – mais sans signification coquine d’après Thomas – se montre également très discrète sur le plan aromatique mais semble déjà bien en place en bouche tout en laissant penser qu’elle est encore loin de sa forme optimale. MIAM !

VDF Les Noëls de Montbenault 2023 : nez délicat et séduisant avec des notes de fruits blancs frais et de fleurs des prés, bouche puissante avec un jus dense, une texture assez grasse, équilibrée par une présence acide/saline intense, finale longue et digeste marquée par de discrètes nuances minérales.
(terroir : roches volcaniques, spilite et rhyolite)
Cette cuvée issue d’un terroir que Richard Leroy a rendu célèbre – et dont nous avons déjà pu goûter une version chez Benoît Lalanne – s’exprime avec une certaine timidité à l’heure actuelle mais on y décèle déjà cet élégance et cet équilibre très abouti qui signent tous les grands vins.

Les 4 cuvées dégustées ce jour.

J’ai beaucoup apprécié cette rencontre avec Thomas Batardière, un vigneron passionné et sympathique qui a crée un domaine à taille humaine pour pouvoir maîtriser intégralement l’élaboration de ses vins.

Même si les 4 cuvées présentées ce jour à la dégustation ne se sont pas montrées très loquaces sur le plan aromatique, nous avons été convaincus par la grande qualité de ces jus en bouche.
Ce sont des vins purs et pleins d’énergie qui auront besoin de quelques années pour donner la pleine mesure de leur talent...d’ailleurs, la superbe bouteille « Esprit Libre » 2016 servie au restaurant « Gribiche » à Angers (et commentée par J.B. sur ce site) nous l’a prouvé de façon éclatante.

Merci à Thomas Batardière pour son accueil.